Sur le genre diariste
« Insignifiant, peu sûr, mensonger : on connaît les reproches adressés habituellement à ce genre . Pour Roland Barthes [ rb ], c’est une forme « qui exprime essentiellement l’inessentiel du monde, le monde comme inessentiel ». Maurice Blanchot [ mb ] le rejoint sur ce point : écrire un journal n’est souvent qu’« une manière commode d’échapper au silence, comme à ce qu’il y a d’extrême dans la parole ». Cette écriture qui « éparpille en poussière, au jour le jour, les traces d’une époque, toutes grandeurs mêlées », [ rb ] est engluée dans le circonstanciel, le contingent, le relatif. D’autant que le journal, « livré au hasard de l’éphéméride », est une forme ouverte, peu contraignante. Fragmentaire, discontinu, il ressemble souvent à un album, « collection de feuillets non permutables, mais suppressibles à l’infini » : au rebours d’une œuvre accomplie, il n’obéit à aucune nécessité. «...