1997 – Persistance duale
Le 8 janvier
1997
Ma Sandre,
Le papier n’est pas de première fraîcheur,
mais il ne me reste plus que cela dans mon gros cartable noir. A Laon, au café, en attendant Karl ou le Tchou-Tchou, mes pensées filent vers
toi.
Ma première nuit rue Mouffetard, dans mon nouveau nid, s’est bien passée. J’ai pu tout ranger hier
soir. Le quartier est vraiment agréable : je te le ferai découvrir après
l’avoir parcouru en solitaire.
Le pied à terre ne manque de rien, et le
grand lit attend tes ondulations sirènéennes.
Je peux enfin t’accueillir dans des conditions potables, c’était inespéré.
Mon pater m’a offert le livre de Denis Robert, La Justice ou le chaos, succès de librairie,
dénonciation par des membres du corps judiciaire des graves tares de ce pouvoir
en déliquescence. J’ai débuté cet ouvrage composé de plusieurs interviews et
qui m’a l’air, sans esprit polémique a priori, une bonne initiation au
fonctionnement de la suprématie du pouvoir exécutif sur la justice.
12h20. Je viens d’arriver. J’ai reçu ta jolie
carte et tes mots doux... toujours aussi pudiques, hé hé. Une question :
m’aimerais-tu malgré moi, c’est-à-dire de façon unilatérale, ou est-ce la
réciprocité des sentiments qui développent les tiens ?
Donc je te fais des bisous, des câlins...
mais rien de plus (clin d’œil).
Je t’enlace ma Sandre. Rejoins moi vite.
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Le 9 janvier 1997.
[Carte de vœux.]
Ma Sandre,
L’amour nous lie, et son
renforcement est la meilleure chose que je puisse nous souhaiter.
J’espère que nous saurons
profiter intensément des instants partagés.
Je t’envoie mes plus tendres
pensées et je te serre très fort.
Avec tout mon amour.
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Le 15 janvier 1997.
Ma fée questionneuse,
Le lever de mes sentiments
et de mes intentions... Heu, mauvais début. Je vais me contenter d’entrer dans
le vif de tes interrogations.
Aïe ! j’ai oublié ta
lettre à Paris. Je vais tenter de répondre
à l’essentiel dont je me souviens. (J’écris comme un cochon, fond et forme.)
Mon bilan des neuf
mois : très positif. Si nous joignons nos volontés, nous pouvons
construire une très belle union. Sachons ne pas nous gâcher.
Sur notre prochaine
réunion : mon travail dans l’édition m’est essentiel, d’autant plus par le
caractère familial de l’entreprise. Si je ne trouve pas le moyen de le
poursuivre, temporairement, à distance, il me sera très difficile de te
rejoindre. Les temps sont terribles, tu le sais mieux que personne, et puis-je
m’offrir le luxe d’abandonner une activité professionnelle ? Tu sais pourtant
combien mon envie d’une existence quotidienne ensemble est forte.
Voilà mon principal souci de
ces derniers temps. Si seuls comptaient les sentiments, je viendrais sans hésiter,
mais les impératifs existentiels, que tu connais bien, s’immiscent, raison
revenue. Rien n’est donc décidé pour moi, mais tôt ou un peu plus tard, nous
nous retrouverons ma Sandre.
A te retrouver déjà dans mon
nid. Tendres baisers.
************
Jeudi 16 janvier
Le week-end prochain,
j’accueille ma Sandre dans mon nouveau nid parisien, au 24 rue
Mouffetard.
Le réveillon de Noël s’est passé dans un
relai-château de Vervins et non au Croisic, inaccessible suite aux chutes de neige. Seuls Hermione et son ami ont réussi à atteindre
L’Océan.
Mon écriture est lamentable.
Je me sens si peu inspiré. Jamais, je crois, je n’ai été aussi peu présent dans
mon Journal, sauf en 93, je crois. Que
les années défilent vite. Cela fait déjà cinq ans et demi que je le tiens.
Qu’en restera-t-il ?
************
Le 17 janvier 1997.
Ma tendre Sandre,
Avant d’établir les
ramifications charnelles de nos retrouvailles gourmandes, j’irrigue ma jeune
carcasse des plus insoupçonnés désirs. Longue dérive poétique. Frôler
l’inénarrable pour mieux saisir les effleurements furtifs. Je dérive ma douce,
pour la confusion des sens et l’épanouissement du cortex.
Dans cette liste de
l’antichambre :
[...]
Que tes paroles soient aussi
expressives que tes cris.
Que tout ton corps prenne
l’initiative, joue la provocation.
Que tes doigts, tes cheveux,
la paume de tes mains, tes ongles caressent longuement mon dos, mes épaules,
mes jambes...
[...]
Que tu m’aimes encore
longtemps, à la folie.
Tendrement tiens.
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Le 20 janvier 1997.
Ma douce adorée,
Ci-joint la lettre des voeux
coquins que tu avais oubliée.
J’espère que ce dimanche
t’aura rassuré sur notre rapport en public. Pour moi, cette journée (et ce
week-end) a (ont) été un véritable bonheur.
Nous avons merveilleusement
baptisé mon nouveau pied-à-terre.
Hâte de venir goûter à tes
monts lyonnais, ma Sandre.
A te retrouver.
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Le 22 janvier 1997.
Ma Sandre bénéfique,
Je file dans les paysages
hivernaux. Impossible de retrouver le substantif attaché à l’adjectif farouche.
Biaiser (attention deux i !) est
la seule manière de s’en sortir : « ma légendaire nature
farouche » par exemple.
Yamina, la jeune femme désespérée que j’ai rencontrée hier pour qu’elle
collabore à notre activité, m’a passé Le
Monde économique du 14/01 : un article sur l’ouvrage de
Viviane Forrester, L’horreur économique,
qui s’est déjà vendu à plus de 150 000 exemplaires, phénomène rare dans le
secteur rébarbatif de l’économie.
Sa thèse : nous vivons
le temps de la fin du travail, et les économistes, les politiques nous ont
trompé. Le sentiment d’impasse ressenti par une part croissante de la
population se trouve ici conforté. S’achemine-t-on vers l’enlisement ou le
chaos ?
Le tout-capitalisme apparaît
aussi absurde que le tout-communisme. Reste à savoir si nous serons la génération
actrice et victime d’un nouveau cycle de bain de sang...
Il ne fera alors pas bon
être un politique, un technocrate, un juge, un journaliste ou un fonctionnaire.
Aïe, vais-je finir en professeur écharpé ? Il est vrai qu’être assisté par
l’Etat ne m’enchante pas vraiment. En revanche, diffuser la connaissance peut
me passionner, et surtout pallier aux fragiles ressources engendrées par
l’édition.
Un peu sérieux ma Sandre, mais je n’oublie pas de te serrer très fort contre moi.
A t’inonder d’amour.
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Vendredi 24 janvier
Quel doux épanouissement ma
relation avec Sandre. Nos conversations sur
notre harmonie sexuelle ne s’embarrassent pas de réserves néfastes. La
délicatesse n’est pourtant pas oubliée, mais sans s’égarer dans les méandres de
l’inexprimé.
Il faut que je me botte le
cortex pour rédiger mon étude préparatoire à la thèse. La sédimentation des réflexions
devrait être assez avancée. Toujours sur la corde raide pour notre travail
éditorial à l’oelh. Les problèmes d’argent sont plus que jamais
présents. Nous devons (enfin !) recevoir le catalogue général de la collection
mvvf, bouquin de 230 pages truffé
des références des ouvrages que nous avons exhumés ou édités.
De l’angoisse d’écrire
médiocrement. Surtout éviter de se répandre sans talent.
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Le 24 janvier 1997.
Ma Sandre adorée,
Se laisser bercer par les
souvenirs de nos tendres moments partagés. Je crois que nous sommes bien engagés
pour nous apporter le meilleur de nous-mêmes.
Ton désir de progresser dans
nos retrouvailles charnelles me comble, d’autant plus lorsque je constate notre
déjà très présente harmonie.
Combien j’ai envie de
t’éveiller au sens de l’initiative affective et sexuelle. Laisse s’exhaler tes
penchants, tes élans divers.
Le week-end pointe son temps
et dans sept jours, comme une récréation de notre amour-monde, je te rejoins
dans ton nid.
De sulfureuses caresses,
d’attentionnés bisous pour toi.
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De la bn, le 27 janvier 1997.
Ma Sandre (choupinette !)
18h40. L’antre majestueuse
de la bn est éclairée des quelques
centaines de loupiotes à capuchon noir et vert. Je t’envoie mes plus tendres
rapprochements avant de rejoindre ma vivante rue Mouffetard.
J’ai proposé à mon pater que l’on vienne manger chez lui le prochain
dimanche où tu seras à Paris, le 16 février. Dis-moi si tu es d’accord. Mon petit frère Jim sera sans doute présent.
Je trouve nos rapports (de
près ou de loin) de plus en plus complices. Serions-nous en voie d’approcher le
bonheur mutuel ? L’art de donner le meilleur de nous-mêmes rendra
peut-être le quotidien illuminant et non usant. Comment m’imagines-tu dans une
quotidienneté avec toi ?
A nos liens innombrables.
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Le 29 janvier 1997.
Ma Sandre qui m’est chère,
Heïm a été très touché par ton
courrier, ainsi que Vanessa, et tout le monde t’apprécie beaucoup. Voilà un nouveau point positif
pour que s’amenuise ta sauvagerie.
Quant à moi, tu connais mes
sentiments. Le jeu subtil d’entretenir le désir de l’autre ne doit pas empêcher
de laisser libre cours à l’expression de ses penchants.
Nous avons (enfin !)
reçu La Touraine meurtrie et libérée de Jean Chauvin. J’essaierais d’en apporter un exemplaire, si je ne suis pas trop
chargé. En revanche, un voyage risque d’être organisé en fin de semaine pour
livrer les libraires. Mon arrivée vendredi soir est donc compromise... Je vais
tout de même vérifier les correspondances sur Minitel.
De très gros bisous doux.
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Mercredi 29 janvier
Big Média vient encore une fois de
démontrer sa partialité pour traiter les cadavres. Jean-Edern Hallier flanche par un coup de pédale de
trop : tintamarre médiatique...
Jeudi 30 janvier
Une véritable déliquescence
de la plume ces temps-ci. Je voulais souligner la différence de traitement par Big Média de J.-E. Hallier et Louis Pauwels. Ce dernier est ravalé à un simple homme de presse.
Aparté : à Taratata, fabuleux duo de Stevie Wonder-Omar sur une chanson du génial aveugle aux mélodies
enivrantes.
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Le 30 janvier 1997.
Suivrais-je de peu ou
précéderais-je ce courrier ma Sandre ? J’espère que nous profiterons intensément de ce nouveau
week-end partagé.
Auras-tu préparé ta liste
charnelle pour mon arrivée ?
Février pointe son premier
jour, et je vais mettre le turbo pour la rédaction de mon travail universitaire.
L’émission de Cavada sur les médecins m’a marqué.
Combien il faut de courage et d’abnégation pour parvenir à ses fins.
Louis Pauwels est mort, les médias n’en ont
quasiment pas parlé (hormis Le Figaro, bien sûr !) alors que
Jean-Edern Hallier a eu droit aux trompettes de la renommée. Curieuse
sélection de Big Média. Injuste hiérarchie d’importance.
A notre amour.
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Ton Ange,
Entre les rails et le ciel.
Le 4 février 1997.
Ma douce et tendre Sandre,
Vrai que ce week-end a passé
comme une éphémère luminescence. Nous nous entendons à merveille ma Sandre, voilà qui ne peut que faire perdurer nos liens d’accroche.
En sommeillant dans le Tchou-Tchou, une question et une
décision ont germé.
La question : dans quoi
et où conserves-tu mes courriers ?
Ma décision : à mon
prochain passage dans la Big Lutèce, je rapporte quelques gros classeurs pour protéger notre
correspondance. Je mettrai toutes tes cartes dans des chemises transparentes,
ouvertes, et le tout dans des classeurs. Pas une décision à faire trembler le
monde, bien sûr, mais un moyen de prendre soin d’un élément précieux de notre
amour.
Voilà ma petite note
constructive avant de poser pied à Laon.
A nous ! ma Sandre. Tous mes baisers.
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Toujours moi ! Eh
oui !!!
Sur les rails.
Le 6 février 1997.
Mon aimante aimée,
Me voilà en cours d’un
voyage éclair à Paris pour effectuer une assignation en référé heure
par heure envers la snvb, au tgi. Une première juridique pour moi que cette urgence absolue de l’heure
par heure qui permet de se dispenser d’avocat devant cette juridiction.
Notre entretien d’hier soir
fut très enrichissant pour moi, et je te remercie de ta volonté de m’en dire le
maximum. J’espère que nous poursuivrons ces dialogues révélateurs qui
déboucheront vers une bénéfique évolution.
Je viens de recevoir, juste
avant de partir, ton courrier posté avec une enveloppe de la clinique le 31
janvier.
Quelle douceur à l’âme pour
moi de sentir ton désir de me rejoindre. Crois-tu qu’il me faudra attendre
cette quotidienneté partagée pour découvrir, sur tous les plans, ta nature
profonde ?
Nous irons juste voir mon pater, et pas mes parents ma
Sandre... sauf si je peux organiser un repas avec ma mère et son mari le samedi... et si tu acceptes.
Cela faisait longtemps que
je n’avais pas vécu une Saint-Valentin en étant amoureux... Le hasard
du calendrier et du rythme de nos entrevues va merveilleusement aboutir à notre
réunion ce jour-là.
Nous irons au Louvre ma Sandre, selon tes voeux, et si nous en trouvons le temps.
Pour l’île de Ré, cela ne dépend pas de moi, mais de l’invitation de Madeleine ou des Gilbert... J’essaierais d’aborder le sujet avec Madeleine lorsque nous nous
verrons en avril à l’occasion de la manifestation Lire à Limoges.
[...] La semaine pointe sa
fin, et ta venue se rapproche.
Je te souffle du bien ma
Sandre, garni de chauds baisers.
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Le 7 février 1997.
Ma Sandre,
Enfin reçu ton courrier du
29/01 (posté le lendemain). Curieuse distribution. Tu dois parfois t’étonner
que je te parle de courriers plus récents et pas d’autres. J’espère avoir tout
eu. [...]
[J’aimerais voir cette bn dont tu me parles si souvent.]
Un samedi, où tu seras à
Paris, je te ferai avoir un laissez-passer pour une journée, et je
t’emmènerai dans l’antre monumental de la bn.
[Je te rêve comme tu es de façon ponctuelle aimant, doux, audacieux,
compréhensif et tendre.]
Hé bien, quel portrait de
moi ! J’espère être à la hauteur.
[Et toi qu’attends-tu de moi ?]
Ta gentillesse, ta pétillance, ta coquinerie, ta féminité,
tes sentiments pour moi. Telle que tu es quand je te retrouve, et en
progression.
De sulfureuses étreintes.
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Le 10 février 1997.
Ma Sandre,
Je t’ai donc joins l’analyse
de sang de Heïm. Peux-tu me donner ton avis
sur l’intoxication éventuelle par le glucophage (je n’ai plus le nom du
médicament en tête) cité qui créerait des hépatites chroniques. L’absorption d’alcool
n’a jamais été en soi pour Heïm un facteur d’augmentation, à ce point, des gammas
gt.
A voir également les
chiffres précédés d’une ou plusieurs étoiles : glycémie, cholestérol,
facteur de risque, triglycérides, transaminase tgp.
Reçu ce matin le dernier
roman de Madeleine Chapsal, Les Amoureux, avec une dédicace de
circonstance : « A Loïc et Sandre, Les Amoureux-en-Ré. Avec amitiés. » Gentil de sa part. Si tu souhaites lui adresser
un petit mot (notamment en faisant allusion au merveilleux souvenir que te
laisse l’île de nos premières vacances) je te laisse son adresse à Saintes : [...]. De mon côté, je lui enverrai notre
catalogue général avec un petit mot.
Cette semaine va encore
passer comme un flash sur le plan professionnel. L’action juridique
s’intensifie : ce midi, déjeuner avec Aline L., mon amie de lycée aujourd’hui avocate dans le droit des affaires ;
jeudi, audience au tgi de Paris pour le référé d’heure à heure.
Et tout un travail de fond à préparer.
Je commence demain mes cours
avec Marc D. Il faut que je me dégourdisse le cortex pour
avancer dans la rédaction de ma synthèse. J’y retourne de ce pas, après t’avoir
tendrement embrassé de toute ma bouche gourmande, prête à fouiller tes plus
humides antres (hé hé, ça chauffe !!!).
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Le 14 février 1997.
Pour cette Saint-Valentin avec toi, je te témoigne mes
plus profonds sentiments.
A l’ancrage de notre union.
Tendres pensées.
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Le 18 février 1997.
Ma Sandre à retrouver,
Reçu seulement ce matin ta
carte Pluie de coquelicots postée le 13/02.
Notre penchant à nous dire
tout dès que quelque chose dysfonctionne garantit la pérennité de notre rapport.
Tes sanglots sur mon
poitrail à l’instant du départ m’ont ému au tréfonds. Ta nature hypersensible
doit être ma chasse gardée. Poursuis ta détermination dans la froideur pour
l’alentours et accorde-moi la nudité de tes penchants. Confie-toi à moi, comme
te le commande l’urgence de situations délicates.
Toute mon attentive douceur.
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Le 20 février 1997.
Ma Sandre,
Quelle magnifique carte tu
m’as envoyée extrait délicatement choisi d’une œuvre du Louvre que l’on doit toujours aller
finir de visiter.
Une de nos anciennes employées,
licenciée pour faute lourde, nous met aux prud’hommes, audience fixée au 4
mars. Encore du pain juridique sur la planche.
Je souhaitais, depuis la
belle salle des périodiques de la bn, t’embrasser bien fort.
Un peu court, mais je dois
filer à la snvb, rue d’Aguesseau retrouver Vanessa pour notre rendez-vous.
Tendrement.
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Le 25 février 1997.
Ma Sandre,
Après un passage rue Mouffetard devant une carterie, je n’ai pu
résister à t’expédier cette poudreuse de Monet. Notre improbable réunion sur l’or blanc et l’état de ton moral
n’égayent pas le climat flotteux de
ces jours derniers.
Ô combien il serait
dramatique de tout gâcher si près du but. Ton message laisse supposer que tes
sentiments ne pourraient surmonter ton retranchement forcé. Tente de dépasser
cette morosité afin de ne pas céder au gâchis.
Avec mon plus profond attachement.
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Le 26 février 1997.
Ma tendre et bénéfique,
Gâté ce matin : ta
carte aux anges volant au-dessus de tes adorables attentions épistolaires, plus
une carte où la petite fille au chapeau devant l’immensité océane aurait pu
être toi dans ta première décennie.
[Quand tu poses ta main dans la mienne, je ressens parfois un trouble
profond qui me laisse muette.]
Je ne savais pas que ma
pogne avait ce pouvoir là. Je ferais de mon mieux pour en user à bon escient.
Tous ces mots doux me
touchent infiniment ma Sandre. A nous de vivre nos instants le plus intensément possible.
L’avenir s’annonce
magnifique avec une femme comme toi.
Préserve ta féminité ma
douce.
A t’embrasser.
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Le 1er mars 1997.
Ma dulcinée à croquer,
Me voilà retournant dans ma
contrée, toi bientôt sur les monts poudrés de la blanche... et d’la bonne
tudieu ! L’étreinte sur la poudreuse, ça ne sera pas pour cette fois-ci.
Moi qui suis baigné par le
pamphlet contemporain, j’ai hier plongé dans le XVIIe siècle, au
temps des libelles. Curieux que M. Christian J., directeur de recherches au cnrs (secteur Centre de Recherches historiques),
auteur de l’exposé A propos de la
violence polémique, ne connaisse pas les
diverses origines étymologiques du substantif pamphlet. J’ai en tout cas moi appris beaucoup de choses par ce
cours.
Profite à fond de ton
séjour, ne néglige pas de te reposer et ramène-moi une belle mine. J’aurais
bien fait quelques tentatives d’approche des monts de ma lyonnaise.
A nous retrouver. Je
t’embrasse câlinement.
************
Laon, le 3 mars 1997.
Ma fine en doudoune,
J’ai appelé hier soir ma
grand-mère pour lui souhaiter une bonne fête. Elle était
heureuse de l’ouvrage La Touraine
meurtrie et libérée que je lui avais envoyé.
J’ai retrouvé la cassette de
l’émission que j’avais enregistrée à 17 ans, après la parution de mon recueil
poétique, à la radio rgb (radio
libre parisienne). Je te la ferai écouter, si tu le souhaites, à notre réunion
prochaine.
La station de Val-Thorens est-elle à la hauteur de tes
espérances ? N’y a-t-il pas trop de monde ?
J’espère que ton moral est
en voie de reconstitution. L’oxygénation t’enivre-t-elle ?
Désolé pour mes états de
morosité, ce rendez-vous manqué m’a quelque peu (euphémisme...) perturbé. Se
joindre dans la blancheur, quelle meilleure couche pour un ange et une Sandre coquins.
Au risque de tout faire
fondre, mes baisers les plus embrasés.
************
Le 4 mars 1997.
Mon attendue,
A ta voix je présume que ton
séjour se passe bien. Mon organisme semble, allié à tes conseils ma douce,
avoir bien réagi : plus de douleur, aucune enflure de la mâchoire. Je fais
seulement attention de ne pas traumatiser les gencives par des aliments trop
durs.
Monet en bleu et vert pour toi ma Sandre aimée.
A te retrouver dans ton nid.
************
Le 11 mars 1997.
Ma Sandre aimée,
Un rayon de soleil sur
l’oreille gauche, en route pour Lutèce la polluée (niveau 2 d’alerte
dépassé), je délaisse un instant ma plongée chez les pamphlétaires, mon apnée
dans les comptes, pour te rejoindre par la tendre pensée.
Ta douceur, ta gentillesse,
ta féminité et ta coquinerie de ce week-end m’assurent dans mon choix. Quels
bons moments nous avons partagés, depuis nos enchevêtrements sulfureux jusqu'à
notre enivrante promenade dans le monde des oiseaux. Les temps ne sont pas très
simples ma Sandre, mais restons liés quoi
qu’il arrive. Ton naturel en voie d’épanouissement me fait un bien précieux.
Notre Président, quoique
brillant, n’a pas réussi à inverser le scepticisme sur sa politique, et encore
moins à provoquer l’électrochoc salutaire.
Je néglige la rédaction de
mon Journal. Plus de chronique sur
l’actualité, les tendances sociales et politiques. Blasement et manque de temps
ont eu raison de ce carnet de vie. Une renaissance prochaine peut-être.
Soleil et brouillard... un remake sur la plaine du célèbre
documentaire sur les camps nazis...
Je t’enlace
irrésistiblement.
************
Le 13 mars 1997.
Mon inappréciable Sandre,
Auras-tu d’abord la
truculence de mes phrases ou la fougue de mon corps poilu ? Vaste question
spatio-temporelle.
Bientôt de nouveaux instants
à faire fructifier ensemble. Comment se détacher à coup sûr de toute tentation
léthargique si ce n’est en cultivant nos qualités et notre volonté
constructive.
Ta carte « La dame au
chapeau » me comble dans son contenu. Si je peux faire germer en toi une
sérénité passionnée dans l’avenir, ce sera l’idéal.
[...]
A tout de suite, pour des
bisous.
************
[Ypsiphile écrivant à Jason.]
Le 17 mars 1997.
Cette enluminure moyenâgeuse
pour toi ma Sandre. Je mange ce soir chez mon pater.
Quels doux moments passés
ensemble, mais filant à grande vitesse. J’espère que ton moral ne va pas trop
baisser avec ta flopée de soucis.
Je pars dès mercredi avec Karl pour nous faire payer nos
créances.
Au plaisir de nous retrouver
et courage... Bisous...
************
Le 25 mars 1997.
Ma tendre Sandre,
Ces teintes bleutées sur
l’air enivrant de notre histoire. Nos pensées déjà unies, nos corps vont
bientôt se retrouver.
Mauvaise nouvelle pour moi,
avancement de la date de remise du mémoire : 15 mai pour la première session. Le mois d’avril s’annonce
tout en sueur.
A boire la tienne, Sandre d’amour.
************
[Le Mont-Saint-Michel.]
Le 1er avril 1997.
Ma Sandre adorée,
Je ne te ferai point de gros
poisson pour ce jour marin... Le souvenir de notre symbiose renouvelée reste en
moi comme un écho précieux.
Vu Heïm à l’hôpital du Val-de-Grâce en cette fin d’après-midi. Ça
se passe correctement.
Ce mont flottant en hommage
aux deux petits tiens (heu, pas très français).
************
Le 2 avril 1997.
A ma Sainte Sandre,
De gros bisous, de légères
caresses, d’attentifs effleurements, d’imperceptibles rapprochements,
d’enfiévrés festins pour toi ma Sandre.
Ta coquinerie m’enchante, ta
complicité me comble. Gardons-nous et jouissons en cœur des instants partagés.
Bonne fête ma Sandre.
Une vie à construire... en
harmonie joyeuse.
************
Le 4 avril 1997.
Ma Sandre à dorloter,
Le calme d’une eau paisible
pour accueillir nos effusions.
Depuis mon nid parisien, et
avant de retrouver la docte Sorbonne, je songe au bien-être qui gouverne notre union. Que de choses on peut
envisager quand règne l’harmonie : depuis le sérieux de la construction
d’une vie duale jusqu’aux plus inavouables coquineries.
A toi, ma Sandre chérie.
************
Le 7 avril 1997.
Ma future,
Retour à la page blanche
pour débuter cette semaine, et avant une nouvelle réunion attendue.
J’espère que le choix
médical que tu as fait pour la patiente trépassée n’aura pas porté préjudice à
la fin de ton stage.
Comment ressens-tu notre
complicité ma Sandre, n’est-ce pas un bon
présage de vie réunie que notre entente grandissante ? Sens-tu une
progression dans ton abandon sensuel et dans ta gourmandise charnelle ?
Quelques petites questions
chargées d’amour...
Etreintes enfiévrées avec
toi.
************
Le 17 avril 1997.
Ma Sandre,
Je profite de ces quelques
instants de pause pour t’envoyer de tendres pensées. Ton mental est plutôt
sombre ces temps-ci et j’espère que nous trouverons les moyens de te faire
pétiller. Ne te reproche rien pour notre dernier week-end : tu as été
parfaite et adorable d’attentions.
Notre entente, même dans ces
instants d’extrême fatigue pour toi, n’a pas été altérée d’un chouïa, et notre
rapport intime évolue délicieusement.
Le projet de fiançailles
n’est en rien remis en cause, même si sa date n’est pas arrêtée.
Je t’embrasse et t’enlace.
************
Le 22 avril 1997.
Ma Sandre,
Serait-ce un peu de ton bleu
égaré sur cette demoiselle coquine ?
L’occasion pour moi de caresser
le papelard parcheminé à défaut de tes courbes nacrées.
Voilà à nouveau, et enfin,
un nouveau week-end à partager dans la douceur apaisante et la délectation galvanisante.
A nos découvertes partagées.
Mes plus chauds rapprochements de toi ma belle fiancée.
************
Le 29 avril 1997.
Ma Sandre,
Cette morosité qui m’envahit
tient, je crois, à l’impossibilité de maîtriser nos incompréhensions. Pourquoi
ta douceur est-elle débordante à plusieurs centaines de kilomètres de moi,
puis, tout proche, la réserve prime avant que pointe l’agressivité ?
J’espère que nous trouverons
la voie, sinon que donnerait une quotidienneté ?
Quant à ma propre
constitution, elle ne favorise rien. Deux tombeaux à la dérive : voilà ce
qu’il faut que l’on évite.
Je t’embrasse.
************
Le 5 mai 1997, 13h22.
Ma Sandre brillante,
Un hommage à ton sens du
devoir et aux résultats magnifiques que tu as obtenues.
Ton chat sur le fauteuil (ce
n’est pas un souhait coquin !) de ta dernière carte me rappelle à
l’instant que notre Nono, au château, vient de
mettre au monde quatre minous.
Je suis en accord intégral
avec tes suggestions : le dialogue avant tout, la chamaillerie au
vestiaire et l’amour baignant notre prochaine quotidienneté.
J’espère avoir achevé la
rédaction de mes deux études pour la fin de semaine, afin de finir la saisie au
début de l’autre.
La flotte soulage nos
agriculteurs et les législatives se répandent dans un ennui soporifique.
Tendres pensées.
************
Le 6 mai 1997.
Ma douce Sandre,
Une reproduction d’une
peinture bleutée de notre extravagant Dalí.
Nos retrouvailles approchent
et j’espère que la flotte va s’éloigner.
Ma journée à Paris s’achève et je retourne dans ma
cambrousse achever mes travaux universitaires. J’espère que ton nouveau stage
ne sera pas une déception.
Tendres baisers.
ps : j’ai donné mon
dossier pour le renouvellement de ma cni,
disponible le 16 mai. La Suisse devient possible.
************
Le 13 mai 1997.
Ma Sandre,
Cette esquisse de Degas pour notre amour en construction.
Nos trois jours prochains s’annoncent comme un nouveau délice.
Je rends tout, y compris le
mémoire, vendredi.
A te serrer.
************
Le 20 mai 1997.
Ma Sandre,
Cette esquisse de canasson
en hommage à notre promenade-quête dans le bois
du noyer. Une belle entente qui s’est confirmée tout au long de ces trois
jours.
Très agréables soirées chez
tes couples d’amis, et enivrante, bien que brève, plongée dans les hauteurs des
monts du lyonnais. Merci ma bien-aimée de ce bonheur partagé.
A te retrouver.
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Le 24 mai 1997.
Ma Sandre,
Me voilà comblé : en
deux livraisons je me retrouve avec des demoiselles charmantes des temps
anciens.
Notre tension extatique de
ce matin m’a une fois de plus ravi. Depuis la bn, haut lieu un peu frais, je songe à ton antre infiniment plus petite
et accueillante.
Nos retrouvailles vont
peut-être s’accompagner d’instants inédits.
Je t’embrasse jusqu'à la
fièvre.
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Le 2 juin 1997, 21h15.
Ma Sauvage,
Je trouve sur mon bureau ta
grande carte de La Belle Dame sans Merci. Quelle attente de la
réunion qui vient de s’achever !
J’espère que ces deux jours
ensoleillés, malgré tes soucis, t’auront à peu près satisfaite. Paradoxe bien humain
de désirer tant l’instant promis et de le bouder lorsqu’il arrive enfin. Ma
Sandre, ne gâchons pas ces trop rares réunions.
Un regard sur l’émouvant
film Le Vieux Fusil et une petite angoisse sur la fuite des si peu
nombreux moments partagés.
De gros baisers dans
l’attente du renforcement de notre union.
************
Le 5 juin 1997.
Ma tendre adorée,
Sorti de la soutenance qui
s’est très bien déroulée. Le professeur qui accompagnait Marc D. était enthousiasmé par mon
sujet. Des petites remarques de méthode, mais très bonne réception. Je suis
soulagé ma Sandre. Délibération le 9 juin et
résultat le 10. Encore un peu de souffle à retenir pour connaître la mention
attribuée.
Aérons-nous avec ce voilier,
les bleus marins et montagneux.
De gros baisers ma Sandre.
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Le 11 juin 1997.
Ma Sandre à croquer,
Hé hé : j’espère que
l’obèse colombienne que tu m’as envoyée ne préfigure pas ta ligne dans quelques
années. Sinon, plus de massage.
Désolé pour cet intermède
morose d’hier soir. La difficulté à pondre ma nouvelle m’agace et l’attente de
mes résultats n’embellit pas mon humeur.
Tu m’écris de bien agréables
choses sur tes cartes. Nous allons donc nous retrouver pour d’intenses moments de
douceur complice.
Je t’embrasse. Tout mon
amour.
************
Le 16 juin 1997.
Point d’en-tête ma Sandre, mais tu m’auras reconnu !
Ces deux jours presque et
demi demeurent en mémoire comme des modèles de douceurs et de bonne entente. Tes
prunelles humides à notre grignotage du dimanche soir ont témoigné de
l’intensité de tes sentiments, ma sauvage demoiselle.
Reçu ton couple de pierre
et... une carte de Madeleine Chapsal écrite le 9 mai et envoyée de
Saintes le 11 juin. Je lui expédie ce jour une lettre
avec le n°1 d’Histoire locale.
Sa carte de l’Ile de Ré fait état du temps exécrable et
de sa plantation de deux oliviers dans son nouveau terrain...
A t’entendre ma Sandre. Tendrement.
************
Le 16 juin
1997.
Chère Madeleine,
Très heureux (et rassuré)
d’avoir de vos nouvelles.
Passant devant une devanture
de librairie il y a quelques semaines, j’ai découvert le titre d’un de vos derniers
livres : Les amis sont toujours de
passage. Eloge de l’amitié sans nul
doute, mais le titre m’a inquiété sur le devenir de notre lien. Je n’osais me
manifester de peur de vous déranger.
J’espère avoir le plaisir de
vous revoir très bientôt.
[...] Une pensée pour le
lieu enchanteur d’où vous m’avez écrit et que vous m’avez permis de découvrir.
Espérons que les éléments s’apaisent.
A très bientôt, et toutes
mes amitiés affectives. (Transmettez-les aussi aux G. si vous les croisez.)
************
Le 18 juin 1997.
Ma douce,
Bonne nouvelle pour notre
réunion cannoise : la poste peut acheminer Histoire locale au tarif presse avant même la décision de la
commission paritaire. Reste à organiser le routage de la revue : gros travail de tri à
faire faire.
Reçu deux cartes, ma Sandre, toujours aussi fémininement
choisies.
Je vais studieusement
indiquer tes dates de garde dans mon agenda.
J’espère que nous pourrons
nous balader dans Cannes et les alentours.
A t’embrasser.
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Le 23 juin 97.
Ma Sandre,
Pas une forme olympienne en
ce moment.
Les tâches se multiplient et
j’espère mener à bien avant la date fatidique l’expédition d’Histoire locale n°2.
Beaucoup de travail
juridique : constitution de sociétés, contentieux libraires, contrats
divers...
Se surveiller pour être à la
hauteur de ce qu’on prétend ou de ce à quoi on aspire.
La plume s’amollit et
l’humeur s’assombrit. Désolé de ma muflerie de samedi soir.
A très bientôt.
************
Le 14 juillet 1997.
Ma Sandre,
J’émerge de l’existence
mouvementée de l’agité Beaumarchais pour te souffler le plus tendre
des témoignages. La lueur de ce séjour va demeurer sans faille d’intensité.
Parvenir à une telle symbiose, malgré nos caractères trempés, réserve un avenir
éclairé.
Ta gentillesse, ta douceur
et tes attentions constantes m’ont infiniment touché. L’âme turgide, j’ai fondu
devant cette enivrante délicatesse. Les injustices multiples que tu as eues à
subir développeraient des montées de colère envers l’Etre suprême si la croyance m’imprégnait.
Il reste à nous retrouver
pour d’aussi divins instants. Ton esprit constructif s’affirme puissant lorsque
tu es en confiance.
Tendres pensées gourmandes.
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Le 22 juillet 1997.
Ma Sandre,
Ton nid commence à prendre
forme et nos retrouvailles pointent à l’horizon temporel.
Pour le prochain numéro d’Histoire locale, je vais rédiger un article
sur l’histoire des rues en prenant comme base d’informations des ouvrages de la
collection. J’espère me dégourdir de la plume que je sens un peu mollassonne.
[...]
J’espère que ce séjour
éclair chez ma grand-mère ne va pas trop te fatiguer.
De gros baisers pour toi ma
Douce ensoleillée.
************
Le 29 juillet 1997.
Ma Sandre,
Les séjours, éclairs ou
prolongés, à Fontès avivent à
chaque fois la fibre mélancolique qui se niche dans un recoin de mes glandes
lacrymales.
Hier soir, dîner avec Jim et mater dans une crêperie de la rue Mouffetard. Ma mère a évoqué les derniers instants passés avec son père. Entre
eux, une intensité qui n’avait jamais existé. Mon grand-père la reconnaissant (il perdait la
tête), « toi, ma fille ! », lui demandant de le raser ; la
vision du corps inerte, mais encore habité
étendu sur le lit de la chambre du bas ; puis, au cours de la nuit,
perception d’une lumière bleue intense et fluorescente par ma mère située dans la chambre juste au-dessus (où
nous avons couché).
Je viens de remarquer que
sur les négatifs la dernière photo (non numérotée), où je me détache sur fond
de Monaco, n’a pas été développée. Je
vais les donner à Laon.
Tu me manques déjà ma Sandre... morosité d’hier peut-être liée.
A te retrouver dans ton nid
bleu.
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Mercredi 30 juillet
Recors à battre : six
mois pile de désertion. Pas un manque de choses à narrer, mais un désintérêt
passager pour le genre de la confession écrite.
Obtention de mon dea de littérature et civilisation
françaises avec la mention très bien.
L’objectif de l’année est atteint. Reste à réussir la thèse de lettres sur deux
ans et celle d’histoire sur quatre.
Confirmation de la qualité
des relations avec ma Sandre. Début juillet, une semaine à Cannes, invités par sa mère : pas d’accroche, une belle harmonie.
Le week-end dernier, passage
éclair à Fontès visiter ma
grand-mère. Ma Sandre toujours aussi douce et complice.
Trop brèves réunions...
Je suis vraiment ramolli...
Il va me falloir me secouer le cortex pour retrouver une forme de pétillance créative.
Les socialistes au
gouvernement, le maladif Jospin, mouton gonflé aux yeux globuleux et à la gueule tordue, prenant la
fonction de Premier ministre. Si cette cohabitation va jusqu'au terme du mandat
législatif, Chirac aura été le Président de la Ve
République au pouvoir politique effectif le plus court. Un retour de la
fonction d’inaugurateur de chrysanthèmes ? A voir...
Ce soir, petite virée avec Karl au parc de l’Ailette, non loin de Laon. Une étendue d’eau, du
sable, des pelouses, le bon pôple...
Jeudi 31 juillet
Le jugement sur ce que
j’écris ne s’adoucira pas, mais je persiste à laisser quelques traces.
Trois gardes pour ma Sandre cette semaine, dont une dimanche
prochain. Elle me rejoindra la troisième semaine d’août dans l’Aisne. Visite de la région et douceur partagée en perspective. Son nouveau
nid à Tassin la Demi-Lune reçoit toutes ses
attentions.
Dimanche 3 août
Ce soir un film, La Séparation avec Auteuil et Huppert, sur la dégradation des rapports dans un couple.
Autre genre, un documentaire
sur l’accession au pouvoir d’Hitler : La Race des Seigneurs.
Ma Sandre de garde aujourd’hui et cette
nuit. Dure semaine pour elle. Nous nous retrouverons à la fin de cette semaine
dans son nid bleu.
Jolie à mis à bas, il y a deux semaines
environ, treize chiots. Aucun n’est mort, tous vigoureux.
Les Meilleurs de Nuit sur Europe
1 ont cessé. Heïm, alias Georges de Laon, a été l’un des piliers de
l’émission. Karl, sur demande de Heïm, a
ouvert un service Minitel à connexion directe par numéro de téléphone.
************
Le 4 août 1997.
Ma douce Sandre,
Encore un nouveau mois qui
débute et le tournis des instants de vie qui filent à toute allure.
J’apprécie cette féminité
qui te galvanise pour décorer ton intérieur. Il va nous falloir en être dignes
par l’intensité des moments que nous y partagerons.
Etre plus à ton écoute ma
Sandre, je vais m’y atteler, tout en te demandant de reconnaître ce qui, dans
ta conversation, relève du superflu et de l’essentiel. Tu es une bavarde en
fait... Notre prochain week-end sera sous le signe du sport et du farniente.
Fais attention à ta santé ma
doctoresse adorée.
************
Le 5 août 97.
Mon amour de Sandre,
[...] Nous avons de belles
choses à construire. La semaine prochaine, je vais essayer de répertorier tout
ce qu’il convient de voir dans l’Aisne et la Champagne.
Pour le tennis, étant donné
ton état de fatigue, ce n’est peut-être pas une bonne idée pour ces deux jours
attendus. A toi de jauger ta capacité et ton envie.
A notre union renouvelée.
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Le 6 août 1997.
Ma Sandre,
Etant donné ma maladresse
orale, je préfère prendre la bille. J’espère que ta décision de ne pas venir la
première semaine de septembre et le week-end de ton anniversaire n’est due qu’à
tes examens et non à cette microtension
ou à des difficultés financières. Ce serait bien dommage sinon.
La tension est peut-être
due, pour ma part, à une impression de te sentir moins proche et plus soucieuse
que d’habitude. Je sais ton état de fatigue, mais il n’est pas nouveau et ne
peut tout expliquer.
Pour tes venues de
septembre, il me semble normal de t’aider puisque tu viendrais deux fois de
suite. Un peu blessant que tu me répondes ne pas vouloir être entretenue !
Il ne s’agit que d’un acte d’amour de ma part et d’une envie de te voir.
J’espère que la hachette
sera enterrée.
Je t’embrasse très fort ma
Sandre.
************
Jeudi 14 août
L’anniversaire de Heïm s’est très bien passé. Cadeau le
plus émotionnellement porteur : le service de consultation sur Internet de
la collection mvvf, créé par Angel, l’ami de Hermione. Les manquements de ce jeune homme dans le rapport avec Heïm sont
oubliés : son travail est fabuleux. Chaque titre fait l’objet d’une notice
avec reproduction de la couverture ; la présentation est soignée et
originale ; possibilité de commander les ouvrages pour les visiteurs du
futur site baptisé Histo.
Dimanche prochain, première
visite de Angel au château. Ma Sandre, elle, doit arriver demain soir pour une semaine de vacances à la
découverte de l’Aisne et de la Champagne. Son envoi d’un fax le 12 août, suivi le lendemain d’une carte aux
accents affectueux a beaucoup touché Heïm. Ma Sandre rapporte dans ses bagages de petits cadeaux.
Eu ce soir au téléphone,
tout en douceurs et en gentillesses. Mon attachement à elle va croissant.
Ce matin, parution du
premier grand papier sur l’arrêt de l’émission Les Meilleurs de Nuit d’Europe
1 : Libération consacre la presque totalité de sa page
radio-télévision, et Heïm alias Georges
de Laon y est cité et
rapporté pour son action d’urgence suite au coup d’arrêt.
Fifi, un des techniciens de la station, ainsi que le chef d’antenne, ont
contacté Heïm hier soir pour lui proposer un projet d’une
nouvelle radio généraliste, à diffusion restreinte à l’Ile-de-France dans un premier temps. Rien à
envisager de concret avant un an. Heïm n’est pas très emballé. Hier, Hubert a souhaité un bon anniversaire à
« son ami » Georges de Laon, lors de l’émission slc qu’il
présente avec Karen Chéryl de 16h30 à 18h (je crois).
J’ai aujourd’hui envoyé une
enveloppe Soleau à l’inpi contenant le modèle du bulletin d’adhésion au Club des Meilleurs de Nuit. Le service à commutés
directs est très apprécié et a impressionné les particuliers comme les
professionnels. Karl a bien réussi son coup.
************
[Persistance de la mémoire de Salvador Dalí.]
Le 12 septembre 1997.
A tes vingt-huit printemps
ma tendre Sandre.
Ce Dalí bleu pour se souvenir de nos
multiples instants de bonheur.
Pour que cette année scolaire soit celle de notre réunion
ad vitam...
Baisers fougueux.
************
Le 16 septembre 1997.
Ma Sandre,
Sorti de cette audition en
ayant essayé de faire pour le mieux. De nombreuses choses à rattraper sur le
plan professionnel.
Les combats à mener sont
multiples et le fonctionnement de cette société traduit une fin de régime.
Vais-je bien supporter mon évolution vers le corps public ?
Merci pour ton soutien ma
Sandre. J’espère notre réunion le week-end prochain.
************
Samedi 20 septembre
Un grand bouleversement se
prépare pour le premier trimestre 98. Après des fiançailles en décembre, je
dois rejoindre ma Sandre à Lyon. Je n’ai pas été capable de la convaincre de venir dans ma région
après ses études. Pas résolu mon problème relationnel avec les femmes. Fais
chier d’être comme ça. Suis-je fait pour la vie sans attache, cumulant les
aventures ?
J’espère pouvoir être
rentable depuis Lyon pour poursuivre ma collaboration avec mvvf, sinon plongée dans le marché du
travail.
Un bien certain : se
retrouver réunis pour tester notre entente dans la quotidienneté.
Grosse hystérie mondiale
après la mort de Diana dans un accident de voiture à
Paris, en compagnie de son milliardaire bourreur.
Je dois rencontrer Marc D. à la mi-octobre pour arrêter mon
sujet de thèse de lettres.
************
A notre deuxième Automne.
Le 22 septembre 1997.
Ma jolie Sandre,
Très agréable peinture en
effet que cette demoiselle dans le vent de Waterhouse. Connais-tu l’école à laquelle il appartient ?
Douceur et sensualité
partagées ma Sandre, et qui se renouvelleront
je l’espère.
Que de choses à découvrir
ensemble. Notre future quotidienneté n’aura pas de pause. Notre dialogue a été
très fructueux cette fois-ci ma Sandre, et je tiens à saluer ton effort pour ne pas te buter. Je comprends
tes manques, les éprouvant moi-même sur certains points. Si mon action
quotidienne vise à créer notre rapprochement dans de bonnes conditions, je ne
suis pas sûr d’y parvenir à cent pour cent. Mais atla, atla ! la tâche
m’appelle.
A t’aimer itoo ma douce.
************
Le 26 septembre 1997.
Mon aimée,
Pris d’une envie subite de
t’écrire depuis mon siège ferroviaire en mouvement vers l’opulente Lutèce, je ne trouve pas d’autre papelard que la copie de mon courrier envoyé
au professeur Jean Tulard (auteur d’un Que sais-je ? sur l’histoire locale).
Cette lettre et moi voyagerons
à un jour d’intervalle pour mieux te combler. Je songe souvent à la nature de
nos rapports et aux petits riens qui rendraient notre harmonie parfaite.
Heureux par avance de notre
week-end, de la densité qui s’en dégagera, du toujours trop court laps de temps
accordé. J’ai besoin de ton amour forcené, ravageur et passionné ma Sandre. Ne t’encombre plus de ta réserve de sauvageonne.
De tendres et complices
pensées.
************
Samedi 4 octobre
Bientôt minuit et le jour
saint.
Hermione et Angel dorment au château ce soir. Demain
matin, ramassage des noix et des pommes. Et lundi, vingt-huit printemps pour ma
poire.
J’espère que nous ferons un
long chemin avec ma Sandre et que ce ne sera pas encore des désillusions
au bout du compte.
Ai-je besoin de la fosse à
purin pour me battre ? Curieux caractère.
************
Le 7 octobre 1997.
Ma Sandre,
Merci pour tes deux jolies
cartes baladées sans empressement par la Poste.
Beaucoup de vent
aujourd’hui, mais la température reste douce. Les feuilles s’amoncellent et
changent la couleur du paysage.
Le travail lui aussi ne
manque pas. Passionnant d’aller à la recherche des vieux ou plus récents ouvrages.
J’espère que notre prochain
week-end sera sous le signe du délice tous azimuts et que nous pourrons mettre
entre parenthèses nos angoisses.
A t’embrasser ma douce.
Aime-moi sans réserve...
************
Le 15 octobre 1997.
Ma tendre Sandre,
Merci pour tes très jolies
cartes et pour le délicieux week-end que tu m’as offert.
Je suis heureux que tu
restes à Lyon pour ton prochain stage.
De gros baisers et la lettre
à ton professeur.
A très vite.
************
Le 23 octobre 1997.
Ma Sandre,
Ton envie d’explications est
tout à fait légitime.
Notre situation n’est pas
des plus simples et nos engagements réciproques ne font qu’amplifier sa complexité.
J’ai de la difficulté à te transmettre ce que je souhaite n’ayant pas créé mon
autonomie financière. Toutefois, c’est dans ces instants que se teste la profondeur
des sentiments qui unissent deux êtres. Croire l’un en l’autre, dans ses choix,
peut être une base d’intensité.
J’espère que la nouvelle
année apportera une harmonie plus grande par une présence plus importante, mais
je ne voudrais pas être l’objet de résignations de ta part, sinon j’aurais la
sensation de gâcher ton existence.
A t’embrasser.
************
Le 27 octobre 1997.
Ma douce Sandre,
Me voilà de retour vers mes
terres, la tête bercée par nos émotions partagées. Ça file trop
vite aussi à mon goût. J’espère vraiment pouvoir mettre en place ce nouveau
rythme dès janvier. Passer de quatre à huit puis 10 jours par mois ensemble va
modifier notre existence.
Tu me rends très heureux
quand tu t’occupes de moi, ma Sandre, et ce sur tous les plans. J’ai besoin de sentir ton amour absolu.
Ravi d’avoir vu ton prochain
lieu de stage. Si je suis présent lors d’une de tes gardes, je t’accompagnerais
dans ce monde des fous.
J’ai débuté aujourd’hui mes
recherches juridiques pour ma thèse. Le travail s’annonce long. Il va me falloir
des plages de temps pour faire de correctes investigations.
J’ai remis ma lettre de
dédite pour mon pied-à-terre parisien, à compter du 31 décembre. Je suis en
train de tout te noter, mais je ne vais pas résister à te les redire ce soir
par téléphone. Ici c’est pour les traces.
De tendres baisers.
************
Le 30 octobre 1997.
Ma Sandre à manger,
Ton festin coloré m’a bien
comblé, tout comme tes intentions. Construire ensemble, en prenant en considération
les engagements de chacun, doit être la source de notre harmonie.
Heïm nous emmène, Karl et moi, manger au château de
Barive, je crois, que je t’avais
montré, là où se dressaient des miradors
dans une ambiance saisissante.
J’espère que ton départ du
service gériatrique va bien se dérouler et que ta note de stage sera à la
hauteur de ce que tu mérites.
A notre complicité
démultipliée.
De tendres baisers.
************
Le 3 novembre 1997.
Coucou ma Sandre,
Reçu ton invitation pour le
lac au cygne voguant. Nous nous y rendrons pour de tendres promenades,
j’espère.
A-y-est, les routiers nous
font chier. Nous risquons à nouveau d’être totalement bloqués. Pitoyable attitude.
J’ai vu que la région lyonnaise était une des plus touchées : ton premier
jour en psychiatrie n’a pas dû être simple...
A ce propos, Samuel Fuller, le réalisateur de Shock
Corridor dont je te parlais, est mort. Malheureusement,
je n’ai pas noté d’hommage télévisuel particulier.
Dans l’attente de te
retrouver, très tendrement.
************
Le 12 novembre 1997.
Ma Sandre,
Ton petit chaton est
adorable, mais ta déception me chagrine. J’espère que nous pourrons nous
considérer comme fiancés dans le cœur, sans la manifestation matérielle.
Notre futur proche nous
apprendra à mieux nous apprécier et à donner une nouvelle teinte à notre
rapport.
Mes projets éditoriaux de
multiplient se toutes parts. Je croise les doigts pour qu’ils fonctionnent.
Je voudrais t’apparaître
comme essentiel dans ton existence. De la puissance dans le sentiment, à défaut
de passion.
Tendrement.
************
Le 13 novembre 1997.
Ma Sandre,
Merci pour ta très jolie
carte de demoiselles printanières.
Les instants que nous vivons
sont pour le moins difficiles. Je ne sais ce que l’avenir nous réserve.
Je te demande un peu moins
de virulence et un peu plus de compréhension de ma situation. Dommage d’avoir
gâché tous ces moments.
Nous battre pour se
retrouver dans l’amour total, malgré un bien normal retrait face aux
déceptions.
Compter sur toi et la
densité de tes sentiments reste une inconnue dans son étendue pour moi.
Je t’embrasse très fort, en
transparence.
************
Le 18 novembre 1997.
Douce Sandre d’amour (hé hé, je ne lésine
pas !),
Tes grandes cartes
m’enchantent et ta bonne volonté amoureuse m’est très précieuse. Je souhaite
aussi que notre lien s’intensifie et perdure. J’attends avec impatience notre
prochaine réunion, avec toujours cette idée de goûter au maximum chaque instant
partagé.
L’attitude de ton père est
très touchante, mais j’espère que je n’arriverais pas à cette extrémité.
S’il ne pleut pas le
week-end prochain, j’aimerais que l’on aille se promener, chaudement couverts,
dans les monts du lyonnais. Nous nous serrerons très fort pour nous imprégner
l’un de l’autre.
Plein de douceurs pour toi
ma Sandre.
************
Le 19 novembre 1997.
Adorable Sandre,
Deux jolies cartes pour une
journée, tu me gâtes ma Sandre. Ta douceur et l’implication de tes propos me font réellement du bien.
Je veux croire en nous, absolument, mais je veux croire aussi que mes
engagements fondamentaux persisteront.
Je n’ai en effet peut-être
pas eu assez confiance en toi, ce qui a dû influencer certains de tes propos.
Je saisis un peu mieux la profondeur de ton amour. Avoir ton soutien m’est très
précieux.
Je souhaite que notre
rapprochement révèle et épaississe ce qui nous lie. L’éternel recommencement ne
m’intéresse pas. Je veux réussir ma vie sentimentale, affective, sexuelle et
amoureuse avec toi. C’est une position de principe. Je ne sais ce que me
réserve l’avenir, mais sache que mon désir de base est celui-là.
A nos retrouvailles. De doux
baisers.
************
Le 24 novembre 1997.
Ma délicieuse aimée,
Quel week-end de régal,
quelle fête de tous les sens. Nous voilà parti pour une nouvelle phase de notre
union qui promet le meilleur.
Mon attachement s’ancre ma
Sandre, et j’espère que tout se déroulera comme prévu. Je n’aurais pas le
temps aujourd’hui de taper les deux courriers, mais je fais mon possible pour
te les envoyer demain.
Ta nature aimante se révèle
et me comble. Je me sens apaisé par tant de douceur et d’amour. A nous de ne
pas passer à côté de l’éden sentimental.
Je crois, pour répondre à ta
question, que tu as toutes les qualités pour me combler. A moi de suivre ton
rythme d’épanouissement et de combattre mes mauvais penchants.
Avec de très tendres
pensées.
************
Le 25 novembre 1997.
Ma Sandre d’amour,
La tartelette Bourdaloue me fait bien envie... Il ne me
reste plus que l’entrée, le plat principal (j’ai déjà les fromages avec une de
tes dernières cartes) et le menu sera complet.
Tendre Sandre, je suis heureux de ta démarche verbalisante. Voilà un point qu’il
faudra que je cultive également. Non point que mon corps (et sa partie sensible)
se dérobe à moi, quoi que tout puisse arriver, mais mon humeur se dégrade
parfois sans raison apparente.
Je t’écris du train qui me
mène à Reims, ta ville chérie (hé hé !). L’ouvrage que je vais présenter est
magnifique : il retrace l’histoire de la ville, des monuments et comporte
257 héliogravures (je les ai comptées, si si).
Je t’attends avec impatience
pour marquer une dernière fois mon nid parisien.
Ta volonté de progresser et
de construire constitue un bien précieux qu’il me faut préserver.
Je t’embrasse sans retenue.
************
Le 2 décembre 1997.
Ma douce,
Ton festin végétarien me
fait bien envie, et la bouteille qui se détache dans le fond ne serait pas
boudée. [...]
Hâte de te retrouver pour ta
dernière visite parisienne. J’espère que le voyage ne te fatiguera pas trop.
Etre sûr l’un de l’autre,
déterminés à se donner le meilleur, respecter les engagements fondamentaux de
chacun, et évoluer pour toujours plus d’harmonie, voilà les objectifs qui me
motivent.
As-tu l’envie fondamentale
de grandir, de choisir ce qu’il y a de mieux pour l’homme que tu aimes. Suis-je
celui que tu attendais ?
Je t’attends avec
impatience. Tendrement.
************
Le 3 décembre 1997.
Ma câline Sandre,
Tu me gâtes avec tes grandes
cartes ma bien-aimée. Des couleurs à croquer et des mots à susurrer.
J’essaie de m’atteler à tes
trois lettres demain matin pour te les remettre ce week-end.
Enfin Le Laonnois féodal est paru, cinq gros volumes qui en imposent.
Au journal télévisé, les
méfaits de la neige impressionnent. J’espère que tout va se calmer avant ton
arrivée.
Tu me touches par ton amour
ma Sandre, et je crois que nous
pouvons vraiment progresser ensemble si nous acceptons les singularités
individuelles. Pourquoi se ferait-on du mal, alors que l’on peut tant s’apaiser
et s’adorer ? Peut-être qu’un jour des relations plus élargies se
rétabliront.
Dans l’espoir de faire
grandir notre lien. Tendrement tiens.
************
Le 8 décembre 1997.
Ma Sandre,
Adorable tu as été malgré la
fatigue occasionnée par ton voyage. La brièveté de ton séjour sera compensée
par mon installation matérielle dans
ton nid.
J’attends la fin d’année
avec une grande impatience et crois bien que, cette fois, il n’y aura aucune
dérive de ma part, comme lors du premier repas. Nous serons tendrement réunis
pour le meilleur.
Amis et famille de sang, je
n’ai que des compliments sur toi. J’ai apprécié que tu sois si vite passée sur mes mufleries récentes. Je
file au charbon et je t’espère pour très bientôt.
J’écris comme un cochon,
mais je t’embrasse comme un coquin.
************
Le 9 décembre 1997.
Ma Sandre chérie,
Si tu le souhaites, nous
pourrons décorer ton intérieur ensemble lors de ma prochaine venue. Comment
vas-tu passer ton Noël ?
Ma présence plus fréquente
va me redonner du ressort. Je me sens un peu mou actuellement, notamment pour mon travail universitaire. Une
fois mes marques prises, j’espère repartir de plus belle pour la recherche et
l’écriture.
Ma mélancolie tient
certainement au manque de ta compagnie. [...]
Aimerais-tu que ces
courriers, sans abandonner l’amour et les gentillesses, deviennent un moyen de
commenter l’actualité (tiens, au moment où j’écris, un reportage sur TF1- 13h, sur la fête des
lumières à Lyon), de te faire partager mes découvertes culturelles ? Cet exercice
variera la teneur de ma correspondance et nous permettra de rebondir sur de
multiples sujets.
A la poésie de notre amour.
Chaudement tiens.
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Le 11 décembre 1997.
Ma Sandre,
Je voudrais dépassionner
notre débat et réaffectiver notre
rapport. Tes interrogations et tes inquiétudes sont bien évidemment légitimes.
Je ne veux pas que tu renonces à me questionner. Je souhaiterais simplement,
même si les questions à aborder sont difficiles, que tu ne mettes pas de côté
notre complicité affective. La même chose dite sur le fond dans une douce dualité
permettrait peut-être à nos conversations d’évoluer.
Tous mes actes et mes
paroles vont dans le sens de la sauvegarde et de la pérennisation de notre
amour ; j’ai malgré tout la sensation que tu m’en veux de plein de choses
(le parano se réveille, hé hé !).
Vrai probablement que je
manque de maturité, mais n’aurait-ce pas été crétin de ma part d’envoyer tout
valdinguer ? Je ne veux pas concilier ce qui ne l’est pas, mais poursuivre
en parallèle mes choix.
Je tiens à toi, sinon je
n’aurais pas affronté cette situation. Ne renie certes pas tes inquiétudes,
mais accorde-moi un minimum de confiance.
Je t’embrasse très fort,
avec amour.
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Le 12 décembre 1997.
Ma douce complice,
Tu auras cette lettre bien
après ta première garde chez les fous. J’espère qu’elle n’aura pas été trop
éprouvante. Je t’ai retrouvée telle que je t’aime, ma perverse préférée !
En découvrant la vie des
sœurs monastiques, je songeais au partage à deux d’une vie autarcique dans une
beauté de couleurs et une sérénité d’atmosphère, et l’amour physique et
cérébral pour combler le tout.
Le terroriste Carlos, qui fit péter quelques bombes en France, a interdit à ses avocats de s’exprimer : il se défendra
lui-même, avec un plaisir non dissimulé. Type de personnage qui fascine et
effraie à la fois.
Ma tendre, voilà ma liste
des produits de toilette : [...]
Et toi pour t’embrasser... A
très vite.
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Le 16 décembre 1997.
Ma Sandre,
La truffe de bourgogne que
l’on va dénicher dans les bois sous le feuillage et la terre humide : on
flirte avec Noël. Un cuisinier passionné
sert même un sorbet de poire à la truffe... cette association te fait-elle
saliver ?
Le houx ma Sandre, qui résiste au gel et supporte la pollution des villes, viendra
décorer notre union de fin d’année. Heu, je dérive peut-être. La hâte de te
retrouver sans doute.
On connaît les santonniers
de Provence, mais moins ceux de
Bretagne. Une femme artisan s’inspire des traditions ancestrales pour créer des
figurines (plâtre et résine) de huit centimètres de haut qui seront peintes en
couleurs. Les costumes bretons prennent vie : cinq mille personnages sont
vendus chaque année. Très touchante plongée dans le passé.
Quelques sujets dépaysants
pour toi ma douce.
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Le 17 décembre 1997.
Sandre ma bien-aimée,
Tu as touché juste :
ton couple d’anges est une de mes cartes préférées parmi les ô combien
nombreuses que tu m’as envoyées.
Ma Sandre, pourrais-tu m’éclairer sur ce que comprend pour toi : ma
maturité, la confiance que tu as en moi et croire en moi ?
J’espère bien sûr parvenir à
effectuer ce que j’ai entrepris. Mon passé est lourd, mais il ne me détournera
pas de l’envie de construire avec toi.
Le paysage a revêtu ses
parures de Noël, et les glissades
involontaires s’annoncent dangereuses.
Nous partagerons de très
agréables instants pour cette fin d’année ma Sandre. Chaque réunion doit être l’occasion de renforcer notre complicité et
l’impossibilité de se passer l’un de l’autre.
Ma grand-mère était ravie de la photo de nous
que je lui ai envoyée.
Après-demain, je te serrerai
contre moi. Des pensées d’amour pour toi.
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Pour le 31 décembre 1997.
Autour de minuit, ma Sandre, nous voilà réunis ;
Merveilles culinaires,
délice de nos complicités :
Aspirons au meilleur de nos
possibles pour notre vie.
Frôlements amoureux pour
notre limpidité,
Ici et toujours j’espère une
union qui resplendisse.
A cette année quatre-vingt
dix-huit, ma tendre,
Née pour un épanouissement
qui nous garantisse
Chaque instant de douceur
pour mieux nous défendre.
Étreinte symbolique par ce
présent modeste,
Entourant sans retenue ma
Sandre céleste.
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