1997 – Persistance duale

Le 8 janvier 1997

Ma Sandre,

Le papier n’est pas de première fraîcheur, mais il ne me reste plus que cela dans mon gros cartable noir. A Laon, au café, en attendant Karl ou le Tchou-Tchou, mes pensées filent vers toi.

Ma première nuit rue Mouffetard, dans mon nouveau nid, s’est bien passée. J’ai pu tout ranger hier soir. Le quartier est vraiment agréable : je te le ferai découvrir après l’avoir parcouru en solitaire.

Le pied à terre ne manque de rien, et le grand lit attend tes ondulations sirènéennes. Je peux enfin t’accueillir dans des conditions potables, c’était inespéré.

Mon pater m’a offert le livre de Denis Robert, La Justice ou le chaos, succès de librairie, dénonciation par des membres du corps judiciaire des graves tares de ce pouvoir en déliquescence. J’ai débuté cet ouvrage composé de plusieurs interviews et qui m’a l’air, sans esprit polémique a priori, une bonne initiation au fonctionnement de la suprématie du pouvoir exécutif sur la justice.

12h20. Je viens d’arriver. J’ai reçu ta jolie carte et tes mots doux... toujours aussi pudiques, hé hé. Une question : m’aimerais-tu malgré moi, c’est-à-dire de façon unilatérale, ou est-ce la réciprocité des sentiments qui développent les tiens ?

Donc je te fais des bisous, des câlins... mais rien de plus (clin d’œil).

Je t’enlace ma Sandre. Rejoins moi vite.

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Le 9 janvier 1997.

[Carte de vœux.]

Ma Sandre,

L’amour nous lie, et son renforcement est la meilleure chose que je puisse nous souhaiter.

J’espère que nous saurons profiter intensément des instants partagés.

Je t’envoie mes plus tendres pensées et je te serre très fort.

Avec tout mon amour.

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Le 15 janvier 1997.

Ma fée questionneuse,

Le lever de mes sentiments et de mes intentions... Heu, mauvais début. Je vais me contenter d’entrer dans le vif de tes interrogations.

Aïe ! j’ai oublié ta lettre à Paris. Je vais tenter de répondre à l’essentiel dont je me souviens. (J’écris comme un cochon, fond et forme.)

Mon bilan des neuf mois : très positif. Si nous joignons nos volontés, nous pouvons construire une très belle union. Sachons ne pas nous gâcher.

Sur notre prochaine réunion : mon travail dans l’édition m’est essentiel, d’autant plus par le caractère familial de l’entreprise. Si je ne trouve pas le moyen de le poursuivre, temporairement, à distance, il me sera très difficile de te rejoindre. Les temps sont terribles, tu le sais mieux que personne, et puis-je m’offrir le luxe d’abandonner une activité professionnelle ? Tu sais pourtant combien mon envie d’une existence quotidien­ne ensemble est forte.

Voilà mon principal souci de ces derniers temps. Si seuls comptaient les sentiments, je viendrais sans hésiter, mais les impératifs existentiels, que tu connais bien, s’immiscent, raison revenue. Rien n’est donc décidé pour moi, mais tôt ou un peu plus tard, nous nous retrouverons ma Sandre.

A te retrouver déjà dans mon nid. Tendres baisers.

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Jeudi 16 janvier

Le week-end prochain, j’accueille ma Sandre dans mon nouveau nid parisien, au 24 rue Mouffetard.

Le réveillon de Noël s’est passé dans un relai-château de Vervins et non au Croisic, inaccessible suite aux chutes de neige. Seuls Hermione et son ami ont réussi à atteindre L’Océan.

Mon écriture est lamentable. Je me sens si peu inspiré. Jamais, je crois, je n’ai été aussi peu présent dans mon Journal, sauf en 93, je crois. Que les années défilent vite. Cela fait déjà cinq ans et demi que je le tiens. Qu’en restera-t-il ?

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Le 17 janvier 1997.

Ma tendre Sandre,

Avant d’établir les ramifications charnelles de nos retrouvailles gourmandes, j’irrigue ma jeune carcasse des plus insoupçonnés désirs. Longue dérive poétique. Frôler l’inénarrable pour mieux saisir les effleurements furtifs. Je dérive ma douce, pour la confusion des sens et l’épanouissement du cortex.

Dans cette liste de l’antichambre :

[...]

Que tes paroles soient aussi expressives que tes cris.

Que tout ton corps prenne l’initiative, joue la provocation.

Que tes doigts, tes cheveux, la paume de tes mains, tes ongles caressent longuement mon dos, mes épaules, mes jambes...

[...]

Que tu m’aimes encore longtemps, à la folie.

Tendrement tiens.

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Le 20 janvier 1997.

Ma douce adorée,

Ci-joint la lettre des voeux coquins que tu avais oubliée.

J’espère que ce dimanche t’aura rassuré sur notre rapport en public. Pour moi, cette journée (et ce week-end) a (ont) été un véritable bonheur.

Nous avons merveilleusement baptisé mon nouveau pied-à-terre.

Hâte de venir goûter à tes monts lyonnais, ma Sandre.

A te retrouver.

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Le 22 janvier 1997.

Ma Sandre bénéfique,

Je file dans les paysages hivernaux. Impossible de retrouver le substantif attaché à l’adjectif farouche. Biaiser (attention deux i !) est la seule manière de s’en sortir : « ma légendaire nature farouche » par exemple.

Yamina, la jeune femme désespérée que j’ai rencontrée hier pour qu’elle collabore à notre activité, m’a passé Le Monde économique du 14/01 : un article sur l’ouvrage de Viviane Forrester, L’horreur économi­que, qui s’est déjà vendu à plus de 150 000 exemplaires, phénomène rare dans le secteur rébarbatif de l’écono­mie.

Sa thèse : nous vivons le temps de la fin du travail, et les économistes, les politiques nous ont trompé. Le sentiment d’impasse ressenti par une part croissante de la population se trouve ici conforté. S’achemine-t-on vers l’enlisement ou le chaos ?

Le tout-capitalisme apparaît aussi absurde que le tout-communisme. Reste à savoir si nous serons la génération actrice et victime d’un nouveau cycle de bain de sang...

Il ne fera alors pas bon être un politique, un technocrate, un juge, un journaliste ou un fonctionnaire. Aïe, vais-je finir en professeur écharpé ? Il est vrai qu’être assisté par l’Etat ne m’enchante pas vraiment. En revanche, diffuser la connaissance peut me passionner, et surtout pallier aux fragiles ressources engendrées par l’édition.

Un peu sérieux ma Sandre, mais je n’oublie pas de te serrer très fort contre moi.

A t’inonder d’amour.

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Vendredi 24 janvier

Quel doux épanouissement ma relation avec Sandre. Nos conversations sur notre harmonie sexuelle ne s’embarrassent pas de réserves néfastes. La délicatesse n’est pourtant pas oubliée, mais sans s’égarer dans les méandres de l’inexprimé.

Il faut que je me botte le cortex pour rédiger mon étude préparatoire à la thèse. La sédimentation des réflexions devrait être assez avancée. Toujours sur la corde raide pour notre travail éditorial à l’oelh. Les problèmes d’argent sont plus que jamais présents. Nous devons (enfin !) recevoir le catalogue général de la collection mvvf, bouquin de 230 pages truffé des références des ouvrages que nous avons exhumés ou édités.

De l’angoisse d’écrire médiocrement. Surtout éviter de se répandre sans talent.

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Le 24 janvier 1997.

Ma Sandre adorée,

Se laisser bercer par les souvenirs de nos tendres moments partagés. Je crois que nous sommes bien engagés pour nous apporter le meilleur de nous-mêmes.

Ton désir de progresser dans nos retrouvailles charnelles me comble, d’autant plus lorsque je constate notre déjà très présente harmonie.

Combien j’ai envie de t’éveiller au sens de l’initiative affective et sexuelle. Laisse s’exhaler tes penchants, tes élans divers.

Le week-end pointe son temps et dans sept jours, comme une récréation de notre amour-monde, je te rejoins dans ton nid.

De sulfureuses caresses, d’attentionnés bisous pour toi.

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De la bn, le 27 janvier 1997.

Ma Sandre (choupinette !)

18h40. L’antre majestueuse de la bn est éclairée des quelques centaines de loupiotes à capuchon noir et vert. Je t’envoie mes plus tendres rapprochements avant de rejoindre ma vivante rue Mouffetard.

J’ai proposé à mon pater que l’on vienne manger chez lui le prochain dimanche où tu seras à Paris, le 16 février. Dis-moi si tu es d’accord. Mon petit frère Jim sera sans doute présent.

Je trouve nos rapports (de près ou de loin) de plus en plus complices. Serions-nous en voie d’approcher le bonheur mutuel ? L’art de donner le meilleur de nous-mêmes rendra peut-être le quotidien illuminant et non usant. Comment m’imagines-tu dans une quotidienneté avec toi ?

A nos liens innombrables.

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Le 29 janvier 1997.

Ma Sandre qui m’est chère,

Heïm a été très touché par ton courrier, ainsi que Vanessa, et tout le monde t’apprécie beaucoup. Voilà un nouveau point positif pour que s’amenuise ta sauvagerie.

Quant à moi, tu connais mes sentiments. Le jeu subtil d’entretenir le désir de l’autre ne doit pas empêcher de laisser libre cours à l’expression de ses penchants.

Nous avons (enfin !) reçu La Touraine meurtrie et libérée de Jean Chauvin. J’essaierais d’en apporter un exemplaire, si je ne suis pas trop chargé. En revanche, un voyage risque d’être organisé en fin de semaine pour livrer les libraires. Mon arrivée vendredi soir est donc compromise... Je vais tout de même vérifier les correspondances sur Minitel.

De très gros bisous doux.

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Mercredi 29 janvier

Big Média vient encore une fois de démontrer sa partialité pour traiter les cadavres. Jean-Edern Hallier flanche par un coup de pédale de trop : tintamarre médiatique...

 

Jeudi 30 janvier

Une véritable déliquescence de la plume ces temps-ci. Je voulais souligner la différence de traitement par Big Média de J.-E. Hallier et Louis Pauwels. Ce dernier est ravalé à un simple homme de presse.

Aparté : à Taratata, fabuleux duo de Stevie Wonder-Omar sur une chanson du génial aveugle aux mélodies enivrantes.

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Le 30 janvier 1997.

Suivrais-je de peu ou précéderais-je ce courrier ma Sandre ? J’espère que nous profiterons intensément de ce nouveau week-end partagé.

Auras-tu préparé ta liste charnelle pour mon arrivée ?

Février pointe son premier jour, et je vais mettre le turbo pour la rédaction de mon travail universitaire.

L’émission de Cavada sur les médecins m’a marqué. Combien il faut de courage et d’abnégation pour parvenir à ses fins.

Louis Pauwels est mort, les médias n’en ont quasiment pas parlé (hormis Le Figaro, bien sûr !) alors que Jean-Edern Hallier a eu droit aux trompettes de la renommée. Curieuse sélection de Big Média. Injuste hiérarchie d’importance.

A notre amour.

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Ton Ange,

Entre les rails et le ciel.

Le 4 février 1997.

Ma douce et tendre Sandre,

Vrai que ce week-end a passé comme une éphémère luminescence. Nous nous entendons à merveille ma Sandre, voilà qui ne peut que faire perdurer nos liens d’accroche.

En sommeillant dans le Tchou-Tchou, une question et une décision ont germé.

La question : dans quoi et où conserves-tu mes courriers ?

Ma décision : à mon prochain passage dans la Big Lutèce, je rapporte quelques gros classeurs pour protéger notre correspondance. Je mettrai toutes tes cartes dans des chemises transparentes, ouvertes, et le tout dans des classeurs. Pas une décision à faire trembler le monde, bien sûr, mais un moyen de prendre soin d’un élément précieux de notre amour.

Voilà ma petite note constructive avant de poser pied à Laon.

A nous ! ma Sandre. Tous mes baisers.

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Toujours moi ! Eh oui !!!

Sur les rails.

 

Le 6 février 1997.

Mon aimante aimée,

Me voilà en cours d’un voyage éclair à Paris pour effectuer une assignation en référé heure par heure envers la snvb, au tgi. Une première juridique pour moi que cette urgence absolue de l’heure par heure qui permet de se dispenser d’avocat devant cette juridiction.

Notre entretien d’hier soir fut très enrichissant pour moi, et je te remercie de ta volonté de m’en dire le maximum. J’espère que nous poursuivrons ces dialogues révélateurs qui déboucheront vers une bénéfique évolution.

Je viens de recevoir, juste avant de partir, ton courrier posté avec une enveloppe de la clinique le 31 janvier.

Quelle douceur à l’âme pour moi de sentir ton désir de me rejoindre. Crois-tu qu’il me faudra attendre cette quotidienneté partagée pour découvrir, sur tous les plans, ta nature profonde ?

Nous irons juste voir mon pater, et pas mes parents ma Sandre... sauf si je peux organiser un repas avec ma mère et son mari le samedi... et si tu acceptes.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas vécu une Saint-Valentin en étant amoureux... Le hasard du calendrier et du rythme de nos entrevues va merveilleusement aboutir à notre réunion ce jour-là.

Nous irons au Louvre ma Sandre, selon tes voeux, et si nous en trouvons le temps.

Pour l’île de Ré, cela ne dépend pas de moi, mais de l’invitation de Madeleine ou des Gilbert... J’essaierais d’aborder le sujet avec Madeleine lorsque nous nous verrons en avril à l’occasion de la manifestation Lire à Limoges.

[...] La semaine pointe sa fin, et ta venue se rapproche.

Je te souffle du bien ma Sandre, garni de chauds baisers.

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Le 7 février 1997.

Ma Sandre,

Enfin reçu ton courrier du 29/01 (posté le lendemain). Curieuse distribution. Tu dois parfois t’étonner que je te parle de courriers plus récents et pas d’autres. J’espère avoir tout eu. [...]

[J’aimerais voir cette bn dont tu me parles si souvent.]

Un samedi, où tu seras à Paris, je te ferai avoir un laissez-passer pour une journée, et je t’emmènerai dans l’antre monumental de la bn.

[Je te rêve comme tu es de façon ponctuelle aimant, doux, audacieux, compréhensif et tendre.]

Hé bien, quel portrait de moi ! J’espère être à la hauteur.

[Et toi qu’attends-tu de moi ?]

Ta gentillesse, ta pétillance, ta coquinerie, ta féminité, tes sentiments pour moi. Telle que tu es quand je te retrouve, et en progression.

De sulfureuses étreintes.

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Le 10 février 1997.

Ma Sandre,

Je t’ai donc joins l’analyse de sang de Heïm. Peux-tu me donner ton avis sur l’intoxication éventuelle par le glucophage (je n’ai plus le nom du médicament en tête) cité qui créerait des hépatites chroniques. L’absorption d’alcool n’a jamais été en soi pour Heïm un facteur d’augmentation, à ce point, des gammas gt.

A voir également les chiffres précédés d’une ou plusieurs étoiles : glycémie, cholestérol, facteur de risque, triglycérides, transaminase tgp.

Reçu ce matin le dernier roman de Madeleine Chapsal, Les Amoureux, avec une dédicace de circonstance : « A Loïc et Sandre, Les Amoureux-en-Ré. Avec amitiés. » Gentil de sa part. Si tu souhaites lui adresser un petit mot (notamment en faisant allusion au merveilleux souvenir que te laisse l’île de nos premières vacances) je te laisse son adresse à Saintes : [...]. De mon côté, je lui enverrai notre catalogue général avec un petit mot.

Cette semaine va encore passer comme un flash sur le plan professionnel. L’action juridique s’intensifie : ce midi, déjeuner avec Aline L., mon amie de lycée aujourd’hui avocate dans le droit des affaires ; jeudi, audience au tgi de Paris pour le référé d’heure à heure. Et tout un travail de fond à préparer.

Je commence demain mes cours avec Marc D. Il faut que je me dégourdisse le cortex pour avancer dans la rédaction de ma synthèse. J’y retourne de ce pas, après t’avoir tendrement embrassé de toute ma bouche gourmande, prête à fouiller tes plus humides antres (hé hé, ça chauffe !!!).

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Le 14 février 1997.

Pour cette Saint-Valentin avec toi, je te témoigne mes plus profonds sentiments.

A l’ancrage de notre union.

Tendres pensées.

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Le 18 février 1997.

Ma Sandre à retrouver,

Reçu seulement ce matin ta carte Pluie de coquelicots postée le 13/02.

Notre penchant à nous dire tout dès que quelque chose dysfonctionne garantit la pérennité de notre rapport.

Tes sanglots sur mon poitrail à l’instant du départ m’ont ému au tréfonds. Ta nature hypersensible doit être ma chasse gardée. Poursuis ta détermination dans la froideur pour l’alentours et accorde-moi la nudité de tes penchants. Confie-toi à moi, comme te le commande l’urgence de situations délicates.

Toute mon attentive douceur.

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Le 20 février 1997.

Ma Sandre,

Quelle magnifique carte tu m’as envoyée extrait délicatement choisi d’une œuvre du Louvre que l’on doit toujours aller finir de visiter.

Une de nos anciennes employées, licenciée pour faute lourde, nous met aux prud’hommes, audience fixée au 4 mars. Encore du pain juridique sur la planche.

Je souhaitais, depuis la belle salle des périodiques de la bn, t’embrasser bien fort.

Un peu court, mais je dois filer à la snvb, rue d’Aguesseau retrouver Vanessa pour notre rendez-vous.

Tendrement.

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Le 25 février 1997.

Ma Sandre,

Après un passage rue Mouffetard devant une carterie, je n’ai pu résister à t’expédier cette poudreuse de Monet. Notre improbable réunion sur l’or blanc et l’état de ton moral n’égayent pas le climat flotteux de ces jours derniers.

Ô combien il serait dramatique de tout gâcher si près du but. Ton message laisse supposer que tes sentiments ne pourraient surmonter ton retranchement forcé. Tente de dépasser cette morosité afin de ne pas céder au gâchis.

Avec mon plus profond attachement.

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Le 26 février 1997.

Ma tendre et bénéfique,

Gâté ce matin : ta carte aux anges volant au-dessus de tes adorables attentions épistolaires, plus une carte où la petite fille au chapeau devant l’immensité océane aurait pu être toi dans ta première décennie.

[Quand tu poses ta main dans la mienne, je ressens parfois un trouble profond qui me laisse muette.]

Je ne savais pas que ma pogne avait ce pouvoir là. Je ferais de mon mieux pour en user à bon escient.

Tous ces mots doux me touchent infiniment ma Sandre. A nous de vivre nos instants le plus intensément possible.

L’avenir s’annonce magnifique avec une femme comme toi.

Préserve ta féminité ma douce.

A t’embrasser.

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Le 1er mars 1997.

Ma dulcinée à croquer,

Me voilà retournant dans ma contrée, toi bientôt sur les monts poudrés de la blanche... et d’la bonne tudieu ! L’étreinte sur la poudreuse, ça ne sera pas pour cette fois-ci.

Moi qui suis baigné par le pamphlet contemporain, j’ai hier plongé dans le XVIIe siècle, au temps des libelles. Curieux que M. Christian J., directeur de recherches au cnrs (secteur Centre de Recherches historiques), auteur de l’exposé A propos de la violence polémique, ne connaisse pas les diverses origines étymologiques du substantif pamphlet. J’ai en tout cas moi appris beaucoup de choses par ce cours.

Profite à fond de ton séjour, ne néglige pas de te reposer et ramène-moi une belle mine. J’aurais bien fait quelques tentatives d’approche des monts de ma lyonnaise.

A nous retrouver. Je t’embrasse câlinement.

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Laon, le 3 mars 1997.

Ma fine en doudoune,

J’ai appelé hier soir ma grand-mère pour lui souhaiter une bonne fête. Elle était heureuse de l’ouvrage La Touraine meurtrie et libérée que je lui avais envoyé.

J’ai retrouvé la cassette de l’émission que j’avais enregistrée à 17 ans, après la parution de mon recueil poétique, à la radio rgb (radio libre parisienne). Je te la ferai écouter, si tu le souhaites, à notre réunion prochaine.

La station de Val-Thorens est-elle à la hauteur de tes espérances ? N’y a-t-il pas trop de monde ?

J’espère que ton moral est en voie de reconstitution. L’oxygénation t’enivre-t-elle ?

Désolé pour mes états de morosité, ce rendez-vous manqué m’a quelque peu (euphémisme...) perturbé. Se joindre dans la blancheur, quelle meilleure couche pour un ange et une Sandre coquins.

Au risque de tout faire fondre, mes baisers les plus embrasés.

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Le 4 mars 1997.

Mon attendue,

A ta voix je présume que ton séjour se passe bien. Mon organisme semble, allié à tes conseils ma douce, avoir bien réagi : plus de douleur, aucune enflure de la mâchoire. Je fais seulement attention de ne pas traumatiser les gencives par des aliments trop durs.

Monet en bleu et vert pour toi ma Sandre aimée.

A te retrouver dans ton nid.

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Le 11 mars 1997.

Ma Sandre aimée,

Un rayon de soleil sur l’oreille gauche, en route pour Lutèce la polluée (niveau 2 d’alerte dépassé), je délaisse un instant ma plongée chez les pamphlétaires, mon apnée dans les comptes, pour te rejoindre par la tendre pensée.

Ta douceur, ta gentillesse, ta féminité et ta coquinerie de ce week-end m’assurent dans mon choix. Quels bons moments nous avons partagés, depuis nos enchevêtrements sulfureux jusqu'à notre enivrante promenade dans le monde des oiseaux. Les temps ne sont pas très simples ma Sandre, mais restons liés quoi qu’il arrive. Ton naturel en voie d’épanouissement me fait un bien précieux.

Notre Président, quoique brillant, n’a pas réussi à inverser le scepticisme sur sa politique, et encore moins à provoquer l’électrochoc salutaire.

Je néglige la rédaction de mon Journal. Plus de chronique sur l’actualité, les tendances sociales et politiques. Blasement et manque de temps ont eu raison de ce carnet de vie. Une renaissance prochaine peut-être.

Soleil et brouillard... un remake sur la plaine du célèbre documentaire sur les camps nazis...

Je t’enlace irrésistiblement.

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Le 13 mars 1997.

Mon inappréciable Sandre,

Auras-tu d’abord la truculence de mes phrases ou la fougue de mon corps poilu ? Vaste question spatio-temporelle.

Bientôt de nouveaux instants à faire fructifier ensemble. Comment se détacher à coup sûr de toute tentation léthargique si ce n’est en cultivant nos qualités et notre volonté constructive.

Ta carte « La dame au chapeau » me comble dans son contenu. Si je peux faire germer en toi une sérénité passionnée dans l’avenir, ce sera l’idéal.

[...]

A tout de suite, pour des bisous.

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[Ypsiphile écrivant à Jason.]

Le 17 mars 1997.

Cette enluminure moyenâgeuse pour toi ma Sandre. Je mange ce soir chez mon pater.

Quels doux moments passés ensemble, mais filant à grande vitesse. J’espère que ton moral ne va pas trop baisser avec ta flopée de soucis.

Je pars dès mercredi avec Karl pour nous faire payer nos créances.

Au plaisir de nous retrouver et courage... Bisous...

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Le 25 mars 1997.

Ma tendre Sandre,

Ces teintes bleutées sur l’air enivrant de notre histoire. Nos pensées déjà unies, nos corps vont bientôt se retrouver.

Mauvaise nouvelle pour moi, avancement de la date de remise du mémoire : 15 mai pour la première session. Le mois d’avril s’annonce tout en sueur.

A boire la tienne, Sandre d’amour.

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[Le Mont-Saint-Michel.]

Le 1er avril 1997.

Ma Sandre adorée,

Je ne te ferai point de gros poisson pour ce jour marin... Le souvenir de notre symbiose renouvelée reste en moi comme un écho précieux.

Vu Heïm à l’hôpital du Val-de-Grâce en cette fin d’après-midi. Ça se passe correctement.

Ce mont flottant en hommage aux deux petits tiens (heu, pas très français).

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Le 2 avril 1997.

A ma Sainte Sandre,

De gros bisous, de légères caresses, d’attentifs effleurements, d’imperceptibles rapprochements, d’enfiévrés festins pour toi ma Sandre.

Ta coquinerie m’enchante, ta complicité me comble. Gardons-nous et jouissons en cœur des instants partagés.

Bonne fête ma Sandre.

Une vie à construire... en harmonie joyeuse.

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Le 4 avril 1997.

Ma Sandre à dorloter,

Le calme d’une eau paisible pour accueillir nos effusions.

Depuis mon nid parisien, et avant de retrouver la docte Sorbonne, je songe au bien-être qui gouverne notre union. Que de choses on peut envisager quand règne l’harmonie : depuis le sérieux de la construction d’une vie duale jusqu’aux plus inavouables coquineries.

A toi, ma Sandre chérie.

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Le 7 avril 1997.

Ma future,

Retour à la page blanche pour débuter cette semaine, et avant une nouvelle réunion attendue.

J’espère que le choix médical que tu as fait pour la patiente trépassée n’aura pas porté préjudice à la fin de ton stage.

Comment ressens-tu notre complicité ma Sandre, n’est-ce pas un bon présage de vie réunie que notre entente grandissante ? Sens-tu une progression dans ton abandon sensuel et dans ta gourmandise charnelle ?

Quelques petites questions chargées d’amour...

Etreintes enfiévrées avec toi.

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Le 17 avril 1997.

Ma Sandre,

Je profite de ces quelques instants de pause pour t’envoyer de tendres pensées. Ton mental est plutôt sombre ces temps-ci et j’espère que nous trouverons les moyens de te faire pétiller. Ne te reproche rien pour notre dernier week-end : tu as été parfaite et adorable d’attentions.

Notre entente, même dans ces instants d’extrême fatigue pour toi, n’a pas été altérée d’un chouïa, et notre rapport intime évolue délicieusement.

Le projet de fiançailles n’est en rien remis en cause, même si sa date n’est pas arrêtée.

Je t’embrasse et t’enlace.

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Le 22 avril 1997.

Ma Sandre,

Serait-ce un peu de ton bleu égaré sur cette demoiselle coquine ?

L’occasion pour moi de caresser le papelard parcheminé à défaut de tes courbes nacrées.

Voilà à nouveau, et enfin, un nouveau week-end à partager dans la douceur apaisante et la délectation galvanisante.

A nos découvertes partagées. Mes plus chauds rapprochements de toi ma belle fiancée.

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Le 29 avril 1997.

Ma Sandre,

Cette morosité qui m’envahit tient, je crois, à l’impossibilité de maîtriser nos incompréhensions. Pourquoi ta douceur est-elle débordante à plusieurs centaines de kilomètres de moi, puis, tout proche, la réserve prime avant que pointe l’agressivité ?

J’espère que nous trouverons la voie, sinon que donnerait une quotidienneté ?

Quant à ma propre constitution, elle ne favorise rien. Deux tombeaux à la dérive : voilà ce qu’il faut que l’on évite.

Je t’embrasse.

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Le 5 mai 1997, 13h22.

Ma Sandre brillante,

Un hommage à ton sens du devoir et aux résultats magnifiques que tu as obtenues.

Ton chat sur le fauteuil (ce n’est pas un souhait coquin !) de ta dernière carte me rappelle à l’instant que notre Nono, au château, vient de mettre au monde quatre minous.

Je suis en accord intégral avec tes suggestions : le dialogue avant tout, la chamaillerie au vestiaire et l’amour baignant notre prochaine quotidienneté.

J’espère avoir achevé la rédaction de mes deux études pour la fin de semaine, afin de finir la saisie au début de l’autre.

La flotte soulage nos agriculteurs et les législatives se répandent dans un ennui soporifique.

Tendres pensées.

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Le 6 mai 1997.

Ma douce Sandre,

Une reproduction d’une peinture bleutée de notre extravagant Dalí.

Nos retrouvailles approchent et j’espère que la flotte va s’éloigner.

Ma journée à Paris s’achève et je retourne dans ma cambrousse achever mes travaux universitaires. J’espère que ton nouveau stage ne sera pas une déception.

Tendres baisers.

ps : j’ai donné mon dossier pour le renouvellement de ma cni, disponible le 16 mai. La Suisse devient possible.

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Le 13 mai 1997.

Ma Sandre,

Cette esquisse de Degas pour notre amour en construction. Nos trois jours prochains s’annoncent comme un nouveau délice.

Je rends tout, y compris le mémoire, vendredi.

A te serrer.

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Le 20 mai 1997.

Ma Sandre,

Cette esquisse de canasson en hommage à notre promenade-quête dans le bois du noyer. Une belle entente qui s’est confirmée tout au long de ces trois jours.

Très agréables soirées chez tes couples d’amis, et enivrante, bien que brève, plongée dans les hauteurs des monts du lyonnais. Merci ma bien-aimée de ce bonheur partagé.

A te retrouver.

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Le 24 mai 1997.

Ma Sandre,

Me voilà comblé : en deux livraisons je me retrouve avec des demoiselles charmantes des temps anciens.

Notre tension extatique de ce matin m’a une fois de plus ravi. Depuis la bn, haut lieu un peu frais, je songe à ton antre infiniment plus petite et accueillante.

Nos retrouvailles vont peut-être s’accompagner d’ins­tants inédits.

Je t’embrasse jusqu'à la fièvre.

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Le 2 juin 1997, 21h15.

Ma Sauvage,

Je trouve sur mon bureau ta grande carte de La Belle Dame sans Merci. Quelle attente de la réunion qui vient de s’achever !

J’espère que ces deux jours ensoleillés, malgré tes soucis, t’auront à peu près satisfaite. Paradoxe bien humain de désirer tant l’instant promis et de le bouder lorsqu’il arrive enfin. Ma Sandre, ne gâchons pas ces trop rares réunions.

Un regard sur l’émouvant film Le Vieux Fusil et une petite angoisse sur la fuite des si peu nombreux moments partagés.

De gros baisers dans l’attente du renforcement de notre union.

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Le 5 juin 1997.

Ma tendre adorée,

Sorti de la soutenance qui s’est très bien déroulée. Le professeur qui accompagnait Marc D. était enthousiasmé par mon sujet. Des petites remarques de méthode, mais très bonne réception. Je suis soulagé ma Sandre. Délibération le 9 juin et résultat le 10. Encore un peu de souffle à retenir pour connaître la mention attribuée.

Aérons-nous avec ce voilier, les bleus marins et montagneux.

De gros baisers ma Sandre.

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Le 11 juin 1997.

Ma Sandre à croquer,

Hé hé : j’espère que l’obèse colombienne que tu m’as envoyée ne préfigure pas ta ligne dans quelques années. Sinon, plus de massage.

Désolé pour cet intermède morose d’hier soir. La difficulté à pondre ma nouvelle m’agace et l’attente de mes résultats n’embellit pas mon humeur.

Tu m’écris de bien agréables choses sur tes cartes. Nous allons donc nous retrouver pour d’intenses moments de douceur complice.

Je t’embrasse. Tout mon amour.

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Le 16 juin 1997.

Point d’en-tête ma Sandre, mais tu m’auras reconnu !

Ces deux jours presque et demi demeurent en mémoire comme des modèles de douceurs et de bonne entente. Tes prunelles humides à notre grignotage du dimanche soir ont témoigné de l’intensité de tes sentiments, ma sauvage demoiselle.

Reçu ton couple de pierre et... une carte de Madeleine Chapsal écrite le 9 mai et envoyée de Saintes le 11 juin. Je lui expédie ce jour une lettre avec le n°1 d’Histoire locale.

Sa carte de l’Ile de Ré fait état du temps exécrable et de sa plantation de deux oliviers dans son nouveau terrain...

A t’entendre ma Sandre. Tendrement.

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Le 16 juin 1997.

Chère Madeleine,

Très heureux (et rassuré) d’avoir de vos nouvelles.

Passant devant une devanture de librairie il y a quelques semaines, j’ai découvert le titre d’un de vos derniers livres : Les amis sont toujours de passage. Eloge de l’amitié sans nul doute, mais le titre m’a inquiété sur le devenir de notre lien. Je n’osais me manifester de peur de vous déranger.

J’espère avoir le plaisir de vous revoir très bientôt.

[...] Une pensée pour le lieu enchanteur d’où vous m’avez écrit et que vous m’avez permis de découvrir. Espérons que les éléments s’apaisent.

A très bientôt, et toutes mes amitiés affectives. (Transmettez-les aussi aux G. si vous les croisez.)

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Le 18 juin 1997.

Ma douce,

Bonne nouvelle pour notre réunion cannoise : la poste peut acheminer Histoire locale au tarif presse avant même la décision de la commission paritaire. Reste à organiser le routage de la revue : gros travail de tri à faire faire.

Reçu deux cartes, ma Sandre, toujours aussi fémininement choisies.

Je vais studieusement indiquer tes dates de garde dans mon agenda.

J’espère que nous pourrons nous balader dans Cannes et les alentours.

A t’embrasser.

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Le 23 juin 97.

Ma Sandre,

Pas une forme olympienne en ce moment.

Les tâches se multiplient et j’espère mener à bien avant la date fatidique l’expédition d’Histoire locale n°2.

Beaucoup de travail juridique : constitution de sociétés, contentieux libraires, contrats divers...

Se surveiller pour être à la hauteur de ce qu’on prétend ou de ce à quoi on aspire.

La plume s’amollit et l’humeur s’assombrit. Désolé de ma muflerie de samedi soir.

A très bientôt.

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Le 14 juillet 1997.

Ma Sandre,

J’émerge de l’existence mouvementée de l’agité Beaumarchais pour te souffler le plus tendre des témoignages. La lueur de ce séjour va demeurer sans faille d’intensité. Parvenir à une telle symbiose, malgré nos caractères trempés, réserve un avenir éclairé.

Ta gentillesse, ta douceur et tes attentions constantes m’ont infiniment touché. L’âme turgide, j’ai fondu devant cette enivrante délicatesse. Les injustices multiples que tu as eues à subir développeraient des montées de colère envers l’Etre suprême si la croyance m’impré­gnait.

Il reste à nous retrouver pour d’aussi divins instants. Ton esprit constructif s’affirme puissant lorsque tu es en confiance.

Tendres pensées gourmandes.

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Le 22 juillet 1997.

Ma Sandre,

Ton nid commence à prendre forme et nos retrouvailles pointent à l’horizon temporel.

Pour le prochain numéro d’Histoire locale, je vais rédiger un article sur l’histoire des rues en prenant comme base d’informations des ouvrages de la collection. J’espère me dégourdir de la plume que je sens un peu mollassonne. [...]

J’espère que ce séjour éclair chez ma grand-mère ne va pas trop te fatiguer.

De gros baisers pour toi ma Douce ensoleillée.

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Le 29 juillet 1997.

Ma Sandre,

Les séjours, éclairs ou prolongés, à Fontès avivent à chaque fois la fibre mélancolique qui se niche dans un recoin de mes glandes lacrymales.

Hier soir, dîner avec Jim et mater dans une crêperie de la rue Mouffetard. Ma mère a évoqué les derniers instants passés avec son père. Entre eux, une intensité qui n’avait jamais existé. Mon grand-père la reconnaissant (il perdait la tête), « toi, ma fille ! », lui demandant de le raser ; la vision du corps inerte, mais encore habité étendu sur le lit de la chambre du bas ; puis, au cours de la nuit, perception d’une lumière bleue intense et fluorescente par ma mère située dans la chambre juste au-dessus (où nous avons couché).

Je viens de remarquer que sur les négatifs la dernière photo (non numérotée), où je me détache sur fond de Monaco, n’a pas été développée. Je vais les donner à Laon.

Tu me manques déjà ma Sandre... morosité d’hier peut-être liée.

A te retrouver dans ton nid bleu.

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Mercredi 30 juillet

Recors à battre : six mois pile de désertion. Pas un manque de choses à narrer, mais un désintérêt passager pour le genre de la confession écrite.

Obtention de mon dea de littérature et civilisation françaises avec la mention très bien. L’objectif de l’année est atteint. Reste à réussir la thèse de lettres sur deux ans et celle d’histoire sur quatre.

Confirmation de la qualité des relations avec ma Sandre. Début juillet, une semaine à Cannes, invités par sa mère : pas d’accroche, une belle harmonie.

Le week-end dernier, passage éclair à Fontès visiter ma grand-mère. Ma Sandre toujours aussi douce et complice.

Trop brèves réunions...

Je suis vraiment ramolli... Il va me falloir me secouer le cortex pour retrouver une forme de pétillance créative.

Les socialistes au gouvernement, le maladif Jospin, mouton gonflé aux yeux globuleux et à la gueule tordue, prenant la fonction de Premier ministre. Si cette cohabitation va jusqu'au terme du mandat législatif, Chirac aura été le Président de la Ve République au pouvoir politique effectif le plus court. Un retour de la fonction d’inaugurateur de chrysanthèmes ? A voir...

Ce soir, petite virée avec Karl au parc de l’Ailette, non loin de Laon. Une étendue d’eau, du sable, des pelouses, le bon pôple...

 

Jeudi 31 juillet

Le jugement sur ce que j’écris ne s’adoucira pas, mais je persiste à laisser quelques traces.

Trois gardes pour ma Sandre cette semaine, dont une dimanche prochain. Elle me rejoindra la troisième semaine d’août dans l’Aisne. Visite de la région et douceur partagée en perspective. Son nouveau nid à Tassin la Demi-Lune reçoit toutes ses attentions.

 

Dimanche 3 août

Ce soir un film, La Séparation avec Auteuil et Huppert, sur la dégradation des rapports dans un couple.

Autre genre, un documentaire sur l’accession au pouvoir d’Hitler : La Race des Seigneurs.

Ma Sandre de garde aujourd’hui et cette nuit. Dure semaine pour elle. Nous nous retrouverons à la fin de cette semaine dans son nid bleu.

Jolie à mis à bas, il y a deux semaines environ, treize chiots. Aucun n’est mort, tous vigoureux.

Les Meilleurs de Nuit sur Europe 1 ont cessé. Heïm, alias Georges de Laon, a été l’un des piliers de l’émission. Karl, sur demande de Heïm, a ouvert un service Minitel à connexion directe par numéro de téléphone.

 

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Le 4 août 1997.

Ma douce Sandre,

Encore un nouveau mois qui débute et le tournis des instants de vie qui filent à toute allure.

J’apprécie cette féminité qui te galvanise pour décorer ton intérieur. Il va nous falloir en être dignes par l’intensité des moments que nous y partagerons.

Etre plus à ton écoute ma Sandre, je vais m’y atteler, tout en te demandant de reconnaître ce qui, dans ta conversation, relève du superflu et de l’essentiel. Tu es une bavarde en fait... Notre prochain week-end sera sous le signe du sport et du farniente.

Fais attention à ta santé ma doctoresse adorée.

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Le 5 août 97.

Mon amour de Sandre,

[...] Nous avons de belles choses à construire. La semaine prochaine, je vais essayer de répertorier tout ce qu’il convient de voir dans l’Aisne et la Champagne.

Pour le tennis, étant donné ton état de fatigue, ce n’est peut-être pas une bonne idée pour ces deux jours attendus. A toi de jauger ta capacité et ton envie.

A notre union renouvelée.

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Le 6 août 1997.

Ma Sandre,

Etant donné ma maladresse orale, je préfère prendre la bille. J’espère que ta décision de ne pas venir la première semaine de septembre et le week-end de ton anniversaire n’est due qu’à tes examens et non à cette microtension ou à des difficultés financières. Ce serait bien dommage sinon.

La tension est peut-être due, pour ma part, à une impression de te sentir moins proche et plus soucieuse que d’habitude. Je sais ton état de fatigue, mais il n’est pas nouveau et ne peut tout expliquer.

Pour tes venues de septembre, il me semble normal de t’aider puisque tu viendrais deux fois de suite. Un peu blessant que tu me répondes ne pas vouloir être entretenue ! Il ne s’agit que d’un acte d’amour de ma part et d’une envie de te voir.

J’espère que la hachette sera enterrée.

Je t’embrasse très fort ma Sandre.

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Jeudi 14 août

L’anniversaire de Heïm s’est très bien passé. Cadeau le plus émotionnellement porteur : le service de consultation sur Internet de la collection mvvf, créé par Angel, l’ami de Hermione. Les manquements de ce jeune homme dans le rapport avec Heïm sont oubliés : son travail est fabuleux. Chaque titre fait l’objet d’une notice avec reproduction de la couverture ; la présentation est soignée et originale ; possibilité de commander les ouvrages pour les visiteurs du futur site baptisé Histo.

Dimanche prochain, première visite de Angel au château. Ma Sandre, elle, doit arriver demain soir pour une semaine de vacances à la découverte de l’Aisne et de la Champagne. Son envoi d’un fax le 12 août, suivi le lendemain d’une carte aux accents affectueux a beaucoup touché Heïm. Ma Sandre rapporte dans ses bagages de petits cadeaux.

Eu ce soir au téléphone, tout en douceurs et en gentillesses. Mon attachement à elle va croissant.

Ce matin, parution du premier grand papier sur l’arrêt de l’émission Les Meilleurs de Nuit d’Europe 1 : Libération consacre la presque totalité de sa page radio-télévision, et Heïm alias Georges de Laon y est cité et rapporté pour son action d’urgence suite au coup d’arrêt.

Fifi, un des techniciens de la station, ainsi que le chef d’antenne, ont contacté Heïm hier soir pour lui proposer un projet d’une nouvelle radio généraliste, à diffusion restreinte à l’Ile-de-France dans un premier temps. Rien à envisager de concret avant un an. Heïm n’est pas très emballé. Hier, Hubert a souhaité un bon anniversaire à « son ami » Georges de Laon, lors de l’émission slc qu’il présente avec Karen Chéryl de 16h30 à 18h (je crois).

J’ai aujourd’hui envoyé une enveloppe Soleau à l’inpi contenant le modèle du bulletin d’adhésion au Club des Meilleurs de Nuit. Le service à commutés directs est très apprécié et a impressionné les particuliers comme les professionnels. Karl a bien réussi son coup.

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[Persistance de la mémoire de Salvador Dalí.]

Le 12 septembre 1997.

A tes vingt-huit printemps ma tendre Sandre.

Ce Dalí bleu pour se souvenir de nos multiples instants de bonheur.

Pour que cette année scolaire soit celle de notre réunion ad vitam...

Baisers fougueux.

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Le 16 septembre 1997.

Ma Sandre,

Sorti de cette audition en ayant essayé de faire pour le mieux. De nombreuses choses à rattraper sur le plan professionnel.

Les combats à mener sont multiples et le fonctionnement de cette société traduit une fin de régime. Vais-je bien supporter mon évolution vers le corps public ?

Merci pour ton soutien ma Sandre. J’espère notre réunion le week-end prochain.

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Samedi 20 septembre

Un grand bouleversement se prépare pour le premier trimestre 98. Après des fiançailles en décembre, je dois rejoindre ma Sandre à Lyon. Je n’ai pas été capable de la convaincre de venir dans ma région après ses études. Pas résolu mon problème relationnel avec les femmes. Fais chier d’être comme ça. Suis-je fait pour la vie sans attache, cumulant les aventures ?

J’espère pouvoir être rentable depuis Lyon pour poursuivre ma collaboration avec mvvf, sinon plongée dans le marché du travail.

Un bien certain : se retrouver réunis pour tester notre entente dans la quotidienneté.

Grosse hystérie mondiale après la mort de Diana dans un accident de voiture à Paris, en compagnie de son milliardaire bourreur.

Je dois rencontrer Marc D. à la mi-octobre pour arrêter mon sujet de thèse de lettres.

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A notre deuxième Automne.

Le 22 septembre 1997.

Ma jolie Sandre,

Très agréable peinture en effet que cette demoiselle dans le vent de Waterhouse. Connais-tu l’école à laquelle il appartient ?

Douceur et sensualité partagées ma Sandre, et qui se renouvelleront je l’espère.

Que de choses à découvrir ensemble. Notre future quotidienneté n’aura pas de pause. Notre dialogue a été très fructueux cette fois-ci ma Sandre, et je tiens à saluer ton effort pour ne pas te buter. Je comprends tes manques, les éprouvant moi-même sur certains points. Si mon action quotidienne vise à créer notre rapprochement dans de bonnes conditions, je ne suis pas sûr d’y parvenir à cent pour cent. Mais atla, atla ! la tâche m’appelle.

A t’aimer itoo ma douce.

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Le 26 septembre 1997.

Mon aimée,

Pris d’une envie subite de t’écrire depuis mon siège ferroviaire en mouvement vers l’opulente Lutèce, je ne trouve pas d’autre papelard que la copie de mon courrier envoyé au professeur Jean Tulard (auteur d’un Que sais-je ? sur l’histoire locale).

Cette lettre et moi voyagerons à un jour d’intervalle pour mieux te combler. Je songe souvent à la nature de nos rapports et aux petits riens qui rendraient notre harmonie parfaite.

Heureux par avance de notre week-end, de la densité qui s’en dégagera, du toujours trop court laps de temps accordé. J’ai besoin de ton amour forcené, ravageur et passionné ma Sandre. Ne t’encombre plus de ta réserve de sauvageonne.

De tendres et complices pensées.

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Samedi 4 octobre

Bientôt minuit et le jour saint.

Hermione et Angel dorment au château ce soir. Demain matin, ramassage des noix et des pommes. Et lundi, vingt-huit printemps pour ma poire.

J’espère que nous ferons un long chemin avec ma Sandre et que ce ne sera pas encore des désillusions au bout du compte.

Ai-je besoin de la fosse à purin pour me battre ? Curieux caractère.

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Le 7 octobre 1997.

Ma Sandre,

Merci pour tes deux jolies cartes baladées sans empressement par la Poste.

Beaucoup de vent aujourd’hui, mais la température reste douce. Les feuilles s’amoncellent et changent la couleur du paysage.

Le travail lui aussi ne manque pas. Passionnant d’aller à la recherche des vieux ou plus récents ouvrages.

J’espère que notre prochain week-end sera sous le signe du délice tous azimuts et que nous pourrons mettre entre parenthèses nos angoisses.

A t’embrasser ma douce. Aime-moi sans réserve...

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Le 15 octobre 1997.

Ma tendre Sandre,

Merci pour tes très jolies cartes et pour le délicieux week-end que tu m’as offert.

Je suis heureux que tu restes à Lyon pour ton prochain stage.

De gros baisers et la lettre à ton professeur.

A très vite.

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Le 23 octobre 1997.

Ma Sandre,

Ton envie d’explications est tout à fait légitime.

Notre situation n’est pas des plus simples et nos engagements réciproques ne font qu’amplifier sa complexité. J’ai de la difficulté à te transmettre ce que je souhaite n’ayant pas créé mon autonomie financière. Toutefois, c’est dans ces instants que se teste la profondeur des sentiments qui unissent deux êtres. Croire l’un en l’autre, dans ses choix, peut être une base d’intensité.

J’espère que la nouvelle année apportera une harmonie plus grande par une présence plus importante, mais je ne voudrais pas être l’objet de résignations de ta part, sinon j’aurais la sensation de gâcher ton existence.

A t’embrasser.

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Le 27 octobre 1997.

Ma douce Sandre,

Me voilà de retour vers mes terres, la tête bercée par nos émotions partagées. Ça file trop vite aussi à mon goût. J’espère vraiment pouvoir mettre en place ce nouveau rythme dès janvier. Passer de quatre à huit puis 10 jours par mois ensemble va modifier notre existence.

Tu me rends très heureux quand tu t’occupes de moi, ma Sandre, et ce sur tous les plans. J’ai besoin de sentir ton amour absolu.

Ravi d’avoir vu ton prochain lieu de stage. Si je suis présent lors d’une de tes gardes, je t’accompagnerais dans ce monde des fous.

J’ai débuté aujourd’hui mes recherches juridiques pour ma thèse. Le travail s’annonce long. Il va me falloir des plages de temps pour faire de correctes investigations.

J’ai remis ma lettre de dédite pour mon pied-à-terre parisien, à compter du 31 décembre. Je suis en train de tout te noter, mais je ne vais pas résister à te les redire ce soir par téléphone. Ici c’est pour les traces.

De tendres baisers.

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Le 30 octobre 1997.

Ma Sandre à manger,

Ton festin coloré m’a bien comblé, tout comme tes intentions. Construire ensemble, en prenant en considération les engagements de chacun, doit être la source de notre harmonie.

Heïm nous emmène, Karl et moi, manger au château de Barive, je crois, que je t’avais montré, là où se dressaient des miradors dans une ambiance saisissante.

J’espère que ton départ du service gériatrique va bien se dérouler et que ta note de stage sera à la hauteur de ce que tu mérites.

A notre complicité démultipliée.

De tendres baisers.

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Le 3 novembre 1997.

Coucou ma Sandre,

Reçu ton invitation pour le lac au cygne voguant. Nous nous y rendrons pour de tendres promenades, j’espère.

A-y-est, les routiers nous font chier. Nous risquons à nouveau d’être totalement bloqués. Pitoyable attitude. J’ai vu que la région lyonnaise était une des plus touchées : ton premier jour en psychiatrie n’a pas dû être simple...

A ce propos, Samuel Fuller, le réalisateur de Shock Corridor dont je te parlais, est mort. Malheureusement, je n’ai pas noté d’hommage télévisuel particulier.

Dans l’attente de te retrouver, très tendrement.

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Le 12 novembre 1997.

Ma Sandre,

Ton petit chaton est adorable, mais ta déception me chagrine. J’espère que nous pourrons nous considérer comme fiancés dans le cœur, sans la manifestation matérielle.

Notre futur proche nous apprendra à mieux nous apprécier et à donner une nouvelle teinte à notre rapport.

Mes projets éditoriaux de multiplient se toutes parts. Je croise les doigts pour qu’ils fonctionnent.

Je voudrais t’apparaître comme essentiel dans ton existence. De la puissance dans le sentiment, à défaut de passion.

Tendrement.

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Le 13 novembre 1997.

Ma Sandre,

Merci pour ta très jolie carte de demoiselles printanières.

Les instants que nous vivons sont pour le moins difficiles. Je ne sais ce que l’avenir nous réserve.

Je te demande un peu moins de virulence et un peu plus de compréhension de ma situation. Dommage d’avoir gâché tous ces moments.

Nous battre pour se retrouver dans l’amour total, malgré un bien normal retrait face aux déceptions.

Compter sur toi et la densité de tes sentiments reste une inconnue dans son étendue pour moi.

Je t’embrasse très fort, en transparence.

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Le 18 novembre 1997.

Douce Sandre d’amour (hé hé, je ne lésine pas !),

Tes grandes cartes m’enchantent et ta bonne volonté amoureuse m’est très précieuse. Je souhaite aussi que notre lien s’intensifie et perdure. J’attends avec impatience notre prochaine réunion, avec toujours cette idée de goûter au maximum chaque instant partagé.

L’attitude de ton père est très touchante, mais j’espère que je n’arriverais pas à cette extrémité.

S’il ne pleut pas le week-end prochain, j’aimerais que l’on aille se promener, chaudement couverts, dans les monts du lyonnais. Nous nous serrerons très fort pour nous imprégner l’un de l’autre.

Plein de douceurs pour toi ma Sandre.

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Le 19 novembre 1997.

Adorable Sandre,

Deux jolies cartes pour une journée, tu me gâtes ma Sandre. Ta douceur et l’implication de tes propos me font réellement du bien. Je veux croire en nous, absolument, mais je veux croire aussi que mes engagements fondamentaux persisteront.

Je n’ai en effet peut-être pas eu assez confiance en toi, ce qui a dû influencer certains de tes propos. Je saisis un peu mieux la profondeur de ton amour. Avoir ton soutien m’est très précieux.

Je souhaite que notre rapprochement révèle et épaississe ce qui nous lie. L’éternel recommencement ne m’intéresse pas. Je veux réussir ma vie sentimentale, affective, sexuelle et amoureuse avec toi. C’est une position de principe. Je ne sais ce que me réserve l’avenir, mais sache que mon désir de base est celui-là.

A nos retrouvailles. De doux baisers.

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Le 24 novembre 1997.

Ma délicieuse aimée,

Quel week-end de régal, quelle fête de tous les sens. Nous voilà parti pour une nouvelle phase de notre union qui promet le meilleur.

Mon attachement s’ancre ma Sandre, et j’espère que tout se déroulera comme prévu. Je n’aurais pas le temps aujourd’hui de taper les deux courriers, mais je fais mon possible pour te les envoyer demain.

Ta nature aimante se révèle et me comble. Je me sens apaisé par tant de douceur et d’amour. A nous de ne pas passer à côté de l’éden sentimental.

Je crois, pour répondre à ta question, que tu as toutes les qualités pour me combler. A moi de suivre ton rythme d’épanouissement et de combattre mes mauvais penchants.

Avec de très tendres pensées.

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Le 25 novembre 1997.

Ma Sandre d’amour,

La tartelette Bourdaloue me fait bien envie... Il ne me reste plus que l’entrée, le plat principal (j’ai déjà les fromages avec une de tes dernières cartes) et le menu sera complet.

Tendre Sandre, je suis heureux de ta démarche verbalisante. Voilà un point qu’il faudra que je cultive également. Non point que mon corps (et sa partie sensible) se dérobe à moi, quoi que tout puisse arriver, mais mon humeur se dégrade parfois sans raison apparente.

Je t’écris du train qui me mène à Reims, ta ville chérie (hé hé !). L’ouvrage que je vais présenter est magnifique : il retrace l’histoire de la ville, des monuments et comporte 257 héliogravures (je les ai comptées, si si).

Je t’attends avec impatience pour marquer une dernière fois mon nid parisien.

Ta volonté de progresser et de construire constitue un bien précieux qu’il me faut préserver.

Je t’embrasse sans retenue.

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Le 2 décembre 1997.

Ma douce,

Ton festin végétarien me fait bien envie, et la bouteille qui se détache dans le fond ne serait pas boudée. [...]

Hâte de te retrouver pour ta dernière visite parisienne. J’espère que le voyage ne te fatiguera pas trop.

Etre sûr l’un de l’autre, déterminés à se donner le meilleur, respecter les engagements fondamentaux de chacun, et évoluer pour toujours plus d’harmonie, voilà les objectifs qui me motivent.

As-tu l’envie fondamentale de grandir, de choisir ce qu’il y a de mieux pour l’homme que tu aimes. Suis-je celui que tu attendais ?

Je t’attends avec impatience. Tendrement.

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Le 3 décembre 1997.

Ma câline Sandre,

Tu me gâtes avec tes grandes cartes ma bien-aimée. Des couleurs à croquer et des mots à susurrer.

J’essaie de m’atteler à tes trois lettres demain matin pour te les remettre ce week-end.

Enfin Le Laonnois féodal est paru, cinq gros volumes qui en imposent.

Au journal télévisé, les méfaits de la neige impressionnent. J’espère que tout va se calmer avant ton arrivée.

Tu me touches par ton amour ma Sandre, et je crois que nous pouvons vraiment progresser ensemble si nous acceptons les singularités individuelles. Pourquoi se ferait-on du mal, alors que l’on peut tant s’apaiser et s’adorer ? Peut-être qu’un jour des relations plus élargies se rétabliront.

Dans l’espoir de faire grandir notre lien. Tendrement tiens.

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Le 8 décembre 1997.

Ma Sandre,

Adorable tu as été malgré la fatigue occasionnée par ton voyage. La brièveté de ton séjour sera compensée par mon installation matérielle dans ton nid.

J’attends la fin d’année avec une grande impatience et crois bien que, cette fois, il n’y aura aucune dérive de ma part, comme lors du premier repas. Nous serons tendrement réunis pour le meilleur.

Amis et famille de sang, je n’ai que des compliments sur toi. J’ai apprécié que tu sois si vite passée sur mes mufleries récentes. Je file au charbon et je t’espère pour très bientôt.

J’écris comme un cochon, mais je t’embrasse comme un coquin.

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Le 9 décembre 1997.

Ma Sandre chérie,

Si tu le souhaites, nous pourrons décorer ton intérieur ensemble lors de ma prochaine venue. Comment vas-tu passer ton Noël ?

Ma présence plus fréquente va me redonner du ressort. Je me sens un peu mou actuellement, notamment pour mon travail universitaire. Une fois mes marques prises, j’espère repartir de plus belle pour la recherche et l’écriture.

Ma mélancolie tient certainement au manque de ta compagnie. [...]

Aimerais-tu que ces courriers, sans abandonner l’amour et les gentillesses, deviennent un moyen de commenter l’actualité (tiens, au moment où j’écris, un reportage sur TF1- 13h, sur la fête des lumières à Lyon), de te faire partager mes découvertes culturelles ? Cet exercice variera la teneur de ma correspondance et nous permettra de rebondir sur de multiples sujets.

A la poésie de notre amour. Chaudement tiens.

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Le 11 décembre 1997.

Ma Sandre,

Je voudrais dépassionner notre débat et réaffectiver notre rapport. Tes interrogations et tes inquiétudes sont bien évidemment légitimes. Je ne veux pas que tu renonces à me questionner. Je souhaiterais simplement, même si les questions à aborder sont difficiles, que tu ne mettes pas de côté notre complicité affective. La même chose dite sur le fond dans une douce dualité permettrait peut-être à nos conversations d’évoluer.

Tous mes actes et mes paroles vont dans le sens de la sauvegarde et de la pérennisation de notre amour ; j’ai malgré tout la sensation que tu m’en veux de plein de choses (le parano se réveille, hé hé !).

Vrai probablement que je manque de maturité, mais n’aurait-ce pas été crétin de ma part d’envoyer tout valdinguer ? Je ne veux pas concilier ce qui ne l’est pas, mais poursuivre en parallèle mes choix.

Je tiens à toi, sinon je n’aurais pas affronté cette situation. Ne renie certes pas tes inquiétudes, mais accorde-moi un minimum de confiance.

Je t’embrasse très fort, avec amour.

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Le 12 décembre 1997.

Ma douce complice,

Tu auras cette lettre bien après ta première garde chez les fous. J’espère qu’elle n’aura pas été trop éprouvante. Je t’ai retrouvée telle que je t’aime, ma perverse préférée !

En découvrant la vie des sœurs monastiques, je songeais au partage à deux d’une vie autarcique dans une beauté de couleurs et une sérénité d’atmosphère, et l’amour physique et cérébral pour combler le tout.

Le terroriste Carlos, qui fit péter quelques bombes en France, a interdit à ses avocats de s’exprimer : il se défendra lui-même, avec un plaisir non dissimulé. Type de personnage qui fascine et effraie à la fois.

Ma tendre, voilà ma liste des produits de toilette : [...]

Et toi pour t’embrasser... A très vite.

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Le 16 décembre 1997.

Ma Sandre,

La truffe de bourgogne que l’on va dénicher dans les bois sous le feuillage et la terre humide : on flirte avec Noël. Un cuisinier passionné sert même un sorbet de poire à la truffe... cette association te fait-elle saliver ?

Le houx ma Sandre, qui résiste au gel et supporte la pollution des villes, viendra décorer notre union de fin d’année. Heu, je dérive peut-être. La hâte de te retrouver sans doute.

On connaît les santonniers de Provence, mais moins ceux de Bretagne. Une femme artisan s’inspire des traditions ancestrales pour créer des figurines (plâtre et résine) de huit centimètres de haut qui seront peintes en couleurs. Les costumes bretons prennent vie : cinq mille personnages sont vendus chaque année. Très touchante plongée dans le passé.

Quelques sujets dépaysants pour toi ma douce.

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Le 17 décembre 1997.

Sandre ma bien-aimée,

Tu as touché juste : ton couple d’anges est une de mes cartes préférées parmi les ô combien nombreuses que tu m’as envoyées.

Ma Sandre, pourrais-tu m’éclairer sur ce que comprend pour toi : ma maturité, la confiance que tu as en moi et croire en moi ?

J’espère bien sûr parvenir à effectuer ce que j’ai entrepris. Mon passé est lourd, mais il ne me détournera pas de l’envie de construire avec toi.

Le paysage a revêtu ses parures de Noël, et les glissades involontaires s’annoncent dangereuses.

Nous partagerons de très agréables instants pour cette fin d’année ma Sandre. Chaque réunion doit être l’occasion de renforcer notre complicité et l’impossi­bilité de se passer l’un de l’autre.

Ma grand-mère était ravie de la photo de nous que je lui ai envoyée.

Après-demain, je te serrerai contre moi. Des pensées d’amour pour toi.

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Pour le 31 décembre 1997.

 

Autour de minuit, ma Sandre, nous voilà réunis ;

 

Merveilles culinaires, délice de nos complicités :

Aspirons au meilleur de nos possibles pour notre vie.

 

Frôlements amoureux pour notre limpidité,

Ici et toujours j’espère une union qui resplendisse.

A cette année quatre-vingt dix-huit, ma tendre,

Née pour un épanouissement qui nous garantisse

Chaque instant de douceur pour mieux nous défendre.

Étreinte symbolique par ce présent modeste,

Entourant sans retenue ma Sandre céleste.


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